Pourquoi fonder l’association « Les amis de la FSM » ?
Syndicalisme international
Pourquoi fonder l’association
« Les amis de la FSM » ?
Charles HOAREAU, est l’un des fondateurs de l’Association Nationale « Les amis de la FSM». Charles Hoareau s’est fait connaître comme dirigeant du Comité des Chômeurs CGT de Marseille, notamment lors de la lutte victorieuse des « recalculés» en 2003. Il a été dirigeant national des Comités de Chômeurs CGT de 1993 à 2007. Ancien membre du PCF, il poursuit aujourd’hui son engagement politique au sein de l’association « Rouges Vifs 13 ».
Charles, peux-tu nous rappeler ce qu’est la Fédération Syndicale Mondiale ?
Charles HOAREAU : Pour répondre il faut avoir une bonne connaissance de là où en est le syndicalisme international aujourd’hui (on peut lire sur le site Rouge Midi plusieurs articles consacrés à cette question : http:/www.rougemidi.org). La FSM, première organisation internationale de travailleurs (et longtemps la seule), fut affaiblie en pleine guerre froide par une scission et la création, sous l’impulsion des syndicats américains, eux-mêmes financés par la CIA, de la CISL, confédération des syndicats soit disant libres. Pour ne pas être en reste, sous l’impulsion du Vatican, les syndicats chrétiens se regroupaient dans la CMT. En France seule la CGT resta donc à la FSM [jusqu’à sa désaffiliation en 1995], FO et la CFDT rejoignant la CISL et la CFTC, la CMT. Bien sûr ces divisions et nombre d’autres éléments ont conduit à l’affaiblissement du syndicalisme international et au fait qu’aujourd’hui, la grande majorité des travailleurs du monde ne sont affiliés à aucune organisation internationale. Ce qui est quand même un sacré manque à gagner pour les luttes et un paradoxe dans le monde où nous vivons. C’est pour remédier à cette situation qu’eut lieu à La Havane en 2005 le Congrès Syndical Mondial, qui fut celui du renouveau de la FSM. Parallèlement, la CISL et la CMT décidaient de fusionner pour créer la CSI, organisation qui refuse de travailler avec la FSM. On a donc aujourd’hui : La CSI (à laquelle en France la CGT, FO, la CFTC, la CGC, la CFDT sont affiliées) ; La FSM (à laquelle en France sont affiliées quelques organisations de la CGT dont la fédération de l’agro-alimentaire) ; Une majorité de syndicats non affiliés (en France la FSU, Solidaires et plusieurs fédérations CGT).
Pourquoi avoir créé « Les Amis de la FSM » ?
Charles Hoareau : La création de l’association Les Amis de la FSM répond au besoin d’aider au rassemblement des organisations et des syndicalistes qui veulent défendre le point de vue d’un syndicalisme de classe, organisé du Nord au Sud. Pour définir les buts que nous nous assignons le plus simple est de reprendre les termes de notre déclaration initiale de constitution : « Du Nord au Sud, les travailleurs n’ont qu’un adversaire commun : le capitalisme mondialisé. Pour lutter contre celui-ci les salariés ont besoin d’une organisation internationale qui lutte pour les droits des travailleurs du monde, contre l’impérialisme et pour la paix, une organisation indépendante des multinationales et des gouvernements à leur solde. Depuis le congrès du syndicalisme mondial de La Havane à l’initiative de la FSM, un vent nouveau souffle sur le syndicalisme de classe international. Prenant acte de cet évènement qui ouvre des perspectives aux salariés du monde entier, des syndicalistes français ont décidé de créer en France l’association « Les Amis de la FSM », non pour ouvrir des polémiques avec le syndicalisme français, mais pour affirmer une solidarité internationale, soutenir les luttes des travailleurs contre les grands groupes internationaux, lutter pour que les services, les productions et les moyens de leurs financements échappent aux intérêts privés mais soient propriétés des peuples et maîtrisés par eux. Ce syndicalisme de lutte ne peut se bâtir dans l’allégeance aux structures politiques et institutions internationales existantes, mais au contraire en se situant de manière indépendante vis à vis de celles-ci avec comme seule boussole l’intérêt des travailleurs du monde. »
C’est dans cet esprit que nous avons appelé en France au 7 octobre sur les bases qui sont les nôtres.
(entretien publié dans le numéro de décembre 2008 de « Chantiers » le journal du RCC: http://cercles.communistes.free.fr/)