Compiègne- Les juges confrontés à la détresse des Conti

Publié le par sphab/cgt & associés

Compiègne- Les juges confrontés à la détresse des Conti

4 h 30. Le procès aura duré six heures. Les Conti quittent le tribunal.

Ils ont la rue (bouclée) pour eux (Ph. GC)

 

Les 7 salariés de l'usine de Clairoix ont tenté d'expliquer les raisons de l'explosion de colère collective, le 21 avril, lors du saccage de la sous-préfecture. La défense a plaidé la relaxe. Le Parquet a requis entre 3 et 6 mois de sursis.


Comment sept salariés, inconnus de la justice et sans histoire, se sont-ils retrouvés devant le tribunal correctionnel, comme des délinquants ordinaires ?Le « désespoir ». Une « grande souffrance intérieure ». « Le sentiment d'avoir été trahis, abandonnés par Continental, par l'État et par la justice. » « La peur de devenir SDF quand on a une famille à nourrir. »


Vendredi, les sept ouvriers de l'usine de pneus de Clairoix, poursuivis pour le saccage de la sous-préfecture de Compiègne, le 21 avril, ont tous tenté d'expliquer aux juges les raisons de cette explosion de colère collective qui a duré « moins de dix minutes »




A la barre comme dans la rue, les Conti restent unis


Deux d'entre eux ont contesté. Les cinq autres ont admis « avoir bousculé un truc », « balancé une bouteille d'eau » ou « jeté des feuilles blanches par la fenêtre » ; pas le saccage.Seuls, Xavier Mathieu et l'unique prévenue ont confié leurs regrets. « J'ai du mal à accepter ce que j'ai fait mais ce qui est fait est fait, a lâché la jeune mère de famille. On ne peut malheureusement pas revenir dessus. »


Pressés de questions par la procureure de la République Ulrika Delaunay-Weiss et par le président Jean-François Fauquenot, aucun n'a pourtant dénoncé quiconque. À la barre, comme dans la rue, les Conti restent unis jusqu'au bout dans la même galère, même si leur avocate Laure Dufresne-Castets en a dénoncé l'iniquité. « Ils étaient une centaine à l'intérieur ; le gouvernement veut des sanctions. La direction de Continental en désigne 7 ; on en défère 7. C'est une enquête qui est simple à mener ».

« Ici, c'est un lieu de justice, on ne fusille pas pour l'exemple »

Venue chercher la relaxe pour les sept Conti, l'avocate a fustigé « le manque de rigueur » du parquet qui ne « précise pas l'infraction reprochée à chaque prévenu. Qui a détruit quoi ? La question reste entièrement posée. »


Mais surtout, la défense a dénoncé « la responsabilité patente de l'État » dans le saccage de la sous-préfecture. Elle n'est pas la seule. Quatre des six témoins cités par la défense ont renvoyé l'État à ses promesses. « Cela faisait six semaines que le groupe Continental faisait la politique de l'autruche ; l'État s'était engagé à intervenir pour qu'enfin, nous puissions ouvrir les négociations , raconte le délégué syndical CGC, Stéphane Bacquet. Et il n'y avait toujours rien. » Le temps pressait. « Les lettres de licenciement pouvaient partir le 19 mai », fait valoir le militant de Lutte ouvrière, Roland Szpirko.


Comme « toute la France », la procureure de la République a « entendu » et « compris » la détresse des Conti. Elle n'en a pas moins défendu « le symbole de l'autorité de l'État. C'est une institution à laquelle on ne porte pas atteinte impunément ». Se défendant de vouloir faire un exemple (« ici, c'est un lieu de justice ; on ne fusille pas pour l'exemple« Je veux tenir compte de ceux qui ont assumé leurs responsabilités. » »), Ulrika Delaunay-Weiss a requis trois mois de sursis à l'encontre des cinq Conti (dont Xavier Mathieu) qui ont reconnu les faits et quatre à six mois de sursis pour les deux qui ont contesté.

Délibéré au 1er septembre.


LAETITIA GALDEANO

 


Article paru le samedi 18 juillet 2009 sur le site http://www.courrier-picard.fr

 

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