La Nouvelle-Calédonie vers l'apaisement

Publié le par sphab/cgt & associés

La Nouvelle-Calédonie vers l'apaisement

Un protocole d'accord a été signé jeudi entre le président de la compagnie aérienne Aircal et le syndicat USTKE.

 

 

le mardi 06/08/2009 à 09h47

 

 

 

Le climat s'est apaisé jeudi en Nouvelle-Calédonie après la signature d'un protocole d'accord devant mettre fin au conflit à la compagnie Aircal, à l'origine de près de dix jours de violences dans l'archipel.

«Il fallait impérativement que chacun fasse un pas l'un vers l'autre parce que les positions s'étaient trop radicalisées», a déclaré à la presse Philippe Gomes (droite), président du gouvernement, qui a mené les négociations. Le président d'Aircal, Nidoish Naisseline, et des dirigeants du syndicat indépendantiste USTKE, ont ainsi trouvé un terrain d'entente, notamment sur le paiement des jours de grève qui feront l'objet d'avances sur salaires remboursables.

Revendications entendues

Dans un préambule, l'accord demande aussi le maintien du service public aérien à destination des îles Loyauté, assuré par Aircal, ainsi que le respect des autorités coutumières kanakes, alors que Nidoish Naisseline est également grand chef sur l'île de Maré. «Nos revendications ont été entendues», s'est félicité Marie-Pierre Goyetche, vice-présidente de l'USTKE.

Le licenciement d'une employée pour faute était à la source du conflit, qui s'était ensuite embourbé dans des rivalités politico-coutumières. La tournure inquiétante qu'ont pris les évènements mercredi a pesé dans cette sortie de crise. A la tribu de Saint-Louis, près de Nouméa, des dizaines de personnes, extérieures au conflit, avaient violemment manifesté, enflammant pneus et morceaux de bois sur la route. Des impacts de balles avaient été constatés sur les véhicules de gendarmerie tandis qu'un officier a été touché à la cuisse par une balle de 7,5 mm, tirée par un fusil de "grande chasse".

Dans la soirée de mercredi, c'est la cité populaire de Montravel, dans les quartiers nord de Nouméa, qui s'était embrasée. Des voitures ont été calcinées, des magasins vandalisés et la gare routière a été en partie incendiée. «La situation était devenue extrêmement dangereuse, avec l'agrégation des jeunes au mouvement. On ne pouvait pas attendre que quelqu'un meure pour qu'il y ait une prise de conscience», a déclaré Philippe Gomes.

Suites de la mobilisation

Les manifestations et les blocages de l'USTKE, en grève générale depuis le 27 juillet, ont asphyxié l'économie de l'archipel, et fait plus d'une trentaine de blessés parmi les gendarmes et au moins cinq dans les rangs des manifestants.

Jeudi, quelques barrages persistent aux abords de la tribu de Saint-Louis, signe que le conflit n'est pas terminé. L'UTSKE pourrait continuer la mobilisation pour obtenir la libération de son président, Gérard Jodar, incarcéré depuis fin juin. «Nous voulons que sa peine ne soit pas exécutoire», assène-t-on au siège de l'USTKE. Le syndicat doit se réunir en fin de journée en assemblée générale pour décider de la levée ou de la suspension de son mot d'ordre de grève générale.

En paix depuis 20 ans, la Nouvelle-Calédonie fait l'objet d'un processus de décolonisation par étapes, prévu par l'accord de Nouméa (1998). A l'approche de 2014, date à partir de laquelle un référendum d'autodétermination, l'USTKE a récemment crée le parti Travailliste, aux orientations radicales.


(Source AFP)

 

http://www.liberation.fr/politiques/0101583955-la-nouvelle-caledonie-vers-l-apaisement

 

 


 

Nouvelle-Calédonie:«Le haut-commissaire jette de l'huile sur le feu»

 

 

Lundi 03/08/2009 à 19h31

 

José Bové, vieux compagnon de route des indépendantistes Kanak et vice-président de la commission agriculture du Parlement européen, analyse la crise en Nouvelle-Calédonie. Extraits d'une interview que publie Libération mardi.


Qui est responsable de cette situation ?


Philippe Gomes, le président du gouvernement local de droite, ne veut pas trouver de solutions. Mais le premier responsable de cette montée des tensions, c’est le haut-commissaire, Yves Dassonville. Il jette en permanence de l’huile sur le feu. Il fait une croisade anti-USTKE. En ciblant le syndicat comme opposant et en envoyant les forces de l’ordre à chaque action syndicale. Depuis le procès j’ai appelé tous les deux-trois jours le ministère des DOM-TOM pour leur dire: «Attention vous êtes en train de préparer les conditions pour un nouvel embrasement de ce territoire.» Ils me répondent: «On vous entend, mais la justice est indépendante.» Pourtant lorsque les syndicalistes ont fait appel, leur demande de remise en liberté provisoire a été artificiellement repoussée. En attendant, six copains syndicalistes restent en prison. Jamais en métropole, on ne verrait des responsables traités de cette façon. Rappelons que cette organisation a été à l’origine du rassemblement des organisations indépendantistes au sein du FLNKS, signataire des accords de Matignon. C’est aussi à ce symbole que l’on s’attaque.


L’USTKE est décrite comme un repère de gauchistes ?


Depuis sa création en 1981, l’USTKE a toujours été à la pointe du combat. Ses liens avec la CGT sont anciens. J’ai assisté à leurs congrès avec Bernard Thibault. La plupart militent depuis plus de 25 ans. Ce n’est pas une bande d’allumés. L’USTKE est la 2e force syndicale du territoire et la 1ère dans le privé. Un repère de gauchiste appellerai-t-il leur salle de formation «Henri Krasucki» en hommage au premier leader de la CGT venu les soutenir ? Le haut-commissaire appelle à ne pas céder aux menaces de l’USTKE…. Il n’assume même pas sa politique de fermeture. Il dit ne pas vouloir discuter sous la contrainte, mais la réalité c’est que le dialogue n’existe pas. Et ce, sur fond d’un refus du rééquilibrage de l’emploi en faveur des kanaks et des insulaires.


Lire l'interview intégrale dans Libération mardi 5août 2009

 

 

«L’USTKE a le droit au respect»

mercredi 05/08/2009 à 18h15

INTERVIEW

Louis Kotra Uregei, leader du Parti travailliste en Nouvelle-Calédonie, estime que le gouvernement, en méprisant les syndicats, est à l'origine du climat de tension qui règne à Nouméa.

Recueilli par MATTHIEU ÉCOIFFIER


Les affrontements se sont poursuivis aujourd'hui en Nouvelle-Calédonie, notamment aux abords du quartier populaire de Monreval au nord de Nouméa, où plus d’un milliers de jeunes ont caillassé un convoi de camions escorté par les forces de l’ordre. Louis Kotra Uregei, leader du Parti travailliste, émanation politique du syndicat USTKE et figure indépendantiste -il fut le signataire des accords de la rue Oudinot prévoyant en annexe des accords de Matignon (1988) un rééquilibrage économique en faveur des populations locales - a rencontré hier Philippe Gomes, président du gouvernement local (droite). Il répond aux questions de Libération.


Comment s’est passée cette réunion?


M. Gomes essaye de rapprocher les différents points de vue. Des contacts ont lieu depuis mardi. Je m’associe à cette tentative de trouver des convergences entre les différents partenaires.


Comment analysez-vous la situation?     


Depuis son arrivée il y a deux ans, le Haut-Commissaire Yves Dassonville a voulu jouer au Zorro en s’en prenant continuellement à l’USTKE. Il a tenté de provoquer une ghettoïsation du syndicat. Par une répression systématique et, dernièrement, en encourageant l’intransigeance du patron d’Aircal. Il a par ailleurs eu des mots très durs, traitant les syndicalistes de «voyous», de «bandits», voire de «terroristes». En tant que président du parti travailliste, je condamne l’attitude du haut-commissaire. C’est pour cette raison que je refuse de le rencontrer. L’USTKE a le droit au respect, au même titre que toute organisation syndicale. Que le leader de l’USTKE -Gérard Jodar- soit poursuivi puis incarcéré sur un motif aussi léger que celui «d’entrave à la circulation des aéronefs» c’est un coup monté. Ils ont tout fait pour qu’il se retrouve en prison.


Pourquoi les jeunes des quartiers se mobilisent-ils avec les salariés de l’USTKE?


Dans un pays aussi sensible que la Nouvelle-Calédonie, voilà où l’intransigeance du Haut-commissaire nous mène. Il a mal apprécié l'importance de l'USTKE. Et se retrouve aujourd'hui dépassé par la situation. Ce n’est pas en jouant au va-t-en guerre et en dépêchant des gendarmes armés de flashball et de grenades lacrymogènes que l’on apaisera ce conflit. Puisque c'est la politique du tout-répressif qui conduit à ces violences. Les gens n’ont plus peur. Il y a effectivement des miliers de jeunes dans les rues aux côtés de l’USTKE, mais ce n’est pas le syndicat qui les a appelés! Des camions ont été caillassés. Beaucoup de jeunes s’impliquent car ils en ont marre d’être l’objet de chasses à l’homme. L’argent injecté depuis les accords a permis d’importants investissements d’équipements. Mais l’opulence n’a profité qu’à une toute petite minorité, pas à la population locale.


http://www.liberation.fr/politiques/0101583824-l-ustke-a-le-droit-au-respect

 


 


 

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