Ploufragan-22 Chaffoteaux. La visite d'un huissier attise les tensions

Publié le par sphab/cgt & associés

Ploufragan-22

Chaffoteaux. La visite d'un huissier attise les tensions

Le Télégramme-26 août 2009 -

 

 

Les ouvriers de l'usine Chaffoteaux, à Ploufragan, ont eu la surprise, hier, de recevoir la visite d'un huissier, apparemment venu pour constater le blocus du site.


Il était 8h55, hier matin, lorsque la sirène a retenti sur le site Chaffoteaux de Ploufragan (22). Quelques instants plus tôt, un huissier, mandaté par la direction du groupe italien Ariston Thermo Group (ATG), avait franchi le barrage d'entrée. «Nous lui avons demandé la raison de sa présence mais il n'a pas voulu répondre», indique Martial Collet, délégué Force Ouvrière. L'huissier était accompagné d'Aldino Zeppelli, le directeur de l'usine (expulsé par les salariés la semaine passée) et de Robert Brasseur, le directeur des ressources humaines. Après une brève discussion, les salariés n'en savaient pas davantage sur la raison de sa venue.


Pas de dépôt de plainte


Mais pour les salariés, en lutte depuis plus de deux mois, cette visite matinale n'est pas vraiment une surprise. Car les ouvriers bloquent leur usine depuis la mi-juin (date de l'annonce d'un plan social touchant 204 des 247 salariés). Reste maintenant à savoir si la venue de l'huissier sera suivie d'une plainte de la part du groupe ATG. Hier, Alain Sadot, le président du tribunal de grande instance de Saint-Brieuc, affirmait n'avoir aucune nouvelle des dirigeants italiens. Ariston Thermo Group La marque Chaffoteaux appartient au groupe Ariston Thermo Group, et non Thermor Group, comme indiqué par erreur dans notre édition du 21août dernier.


Julien Vaillant

 

Chaffoteaux. Les salariés expulsent le directeur du site

Le Télégramme-21 août 2009 –

 

Sommés par la direction d'Ariston Thermor Group de débloquer le site de Ploufragan (22), les salariés de Chaffoteaux refusent de laisser entrer et sortir le moindre camion. Les 200 ouvriers, qui ont organisé des débrayages tournants, ont même expulsé leur directeur, Aldino Zeppelli, du site de Ploufragan. Après un face-à-face tendu, les salariés ont en effet rejeté catégoriquement la demande du directeur du site de cesser le blocus et d'évacuer l'usine. «Hors de question» ont répondu en bloc les salariés qui savent que la direction italienne fait face à une rupture de stocks de l'autre côté des Alpes. Les trois millions d'euros de pièces détachées et l'équivalent de 54 camions de production retenus à Ploufragan, sont en effet leur seule monnaie d'échange face à la direction. «Un stock de guerre» qu'ils entendent donc monnayer jusqu'au bout, contre le plan qui prévoit 204licenciements sur 251salariés.

 «Comme les Conti»


Hier, les salariés ont commencé à remplir un cahier de revendications. Pour l'heure, la principale demande exprimée est le versement d'une indemnité de licenciement de 100.000 euros, soit l'équivalent de ce qu'ont perçu les salariés de l'usine Continental de Clairoix dans le cadre de leur plan de reclassement.

 

 

Chaffoteaux. Les salariés refusent de lever le blocage

Le Télégramme-21 août 2009

 

Sommés par la direction d'ATG (propriétaire de l'usine) de débloquer le site, les salariés de Chaffoteaux refusent de laisser entrer et sortir le moindre camion. Et les ouvriers ont également fait comprendre à leur directeur qu'il n'était plus le bienvenu à Ploufragan.

 

Cheveux gominés, visage bronzé, pantalons et chemises impeccablement repassés, chaussures en cuir marron, Aldino Zeppelli est venu s'expliquer avec les ouvriers de Chaffoteaux. Car ce jeudi matin, le directeur de l'usine ploufraganaise est «vexé». Ses subordonnés ont affiché sa photo à l'entrée du site. Avec dessous, une inscription: «Menteur».


«Traités comme des moins que rien»


Face à lui, dans la salle de réunion bondée, ils sont 200ouvriers. Tous en bleu de travail. Et très rapidement, l'Italien n'a plus son mot à dire. «Nous sommes traités comme de la merde. Comme des moins que rien», fulmine Chantal Jouan, la déléguée CGT. «C'est quand même plus grave que de se faire traiter de menteur.» «Nous voulons que notre travail reste ici. On a bossé la tête dans le guidon. Vous ne voulez quand même pas qu'on arrive avec des fleurs», lance ensuite un ouvrier assis au premier rang de la salle. Sans agressivité, mais le regard sombre derrière ses lunettes, Martial Collet, le délégué Force ouvrière, prend à son tour la parole: «Maintenant, vous allez chercher vos affaires et on va vous raccompagner à l'extérieur». À cet instant, Aldino Zeppelli n'est plus le patron. Penaud, le visage blême, il obtempère et regagne son bureau. Simultanément, les ouvriers se dirigent tous vers le parvis de l'usine. Là, quasiment sans concertation, une haie (qui n'a d'honneur que le nom) se forme. Et au bout des deux rangées de salariés, ils sont une dizaine à s'installer derrière des bidons d'huile vides. Marteaux en main, ils tambourinent sur la tôle.


Le bras de fer a débuté


La scène se poursuit pendant une dizaine de minutes. Jusqu'à la réapparition d'Aldino Zeppelli. Le bruit des marteaux est alors de plus en plus assourdissant. Visage fermé, regard noir, le Transalpin marche au milieu du passage que lui ont réservé les salariés. Une poignée d'entre eux décide alors de le suivre à distance, jusqu'au portail d'entrée. Tandis que les autres regardent leur dirigeant cheminer vers le parking. Quelques secondes plus tard, une berline grise démarre en trombe. Pour «les Chaffoteaux», en lutte depuis deux mois, aucun doute possible: le bras de fer avec leur direction débute.

 
Action en justice pour débloquer?


Car un peu plus tôt dans la matinée, les représentants du personnel se sont entretenus avec le directeur de l'usine. Et la demande de ce dernier a été des plusclaires: le blocage de l'usinedoit prendre fin. Il faut quelesouvriers laissent entrer et sortir des camions remplis de marchandises. «Hors de question», ont répondu les salariés. «Visiblement, nos patrons sont en rupture destocks. Ils ont besoin de fairesortir des chauffe-eau d'ici», enseigne Chantal Jouan, la déléguée CGT. «Dans l'usine, il yatrois millions d'euros de pièces détachées et l'équivalentde54camions de production. C'est notre seule monnaied'échange avec la direction», embraye Martial Collet. «S'ils veulent prendreleurs responsabilités judiciaires pourdébloquer le site, qu'ils lesprennent. Nous sommes prêts.»


Julien Vaillant


Chaffoteaux. La direction exige la levée du blocage

Le Télégramme-20 août 2009

Hier, la direction de Chaffoteaux a exigé que les ouvriers lèvent le blocage de l'usine. Tout en acceptant de respecter les accords de méthode devant déboucher sur l'ouverture du plan social.


Le comité d'entreprise qui se tiendra ce matin sur le site Chaffoteaux de Ploufragan s'annonce tendu. Car, hier, à Paris, les patrons d'Ariston Thermo Group (propriétaires de l'usine) ont annoncé aux représentants du personnel qu'ils entendaient réclamer la levée du blocage de l'usine. Un blocage mis en place depuis le 18juin, date de l'annonce du plan social prévoyant 204 licenciements. «Pour nous, il est hors de question de céder. L'usine et les stocks qui y sont entreposés sont nos seuls moyens de pression», annonce Martial Collet, délégué Force Ouvrière. Concrètement, ce matin, à 10h30, Aldino Zeppelli, le directeur du site, devrait exiger que le personnel reprenne le travail et, surtout, que les ouvriers laissent partir des camions remplis de chauffe-eau et de chaudières.


«Dans le vif du sujet»


 «Pour nous, le bras de fer a commencé le 18juin. Mais là, nous entrons dans le vif du sujet», commente Martial Collet. Depuis l'annonce du plan de licenciements et le début du conflit, les périodes de chômage technique et de vacances se sont en effet succédé. Ce qui a permis aux salariés de mener leur lutte, sans perdre trop d'argent. Et ils ont aussi réussi à se faire payer les quelques jours durant lesquels ils étaient censés être derrière les machines. Mais ce matin, la situation pourrait évoluer. Une assemblée générale des salariés est programmée sitôt la fin du comité d'entreprise. Et la grève générale sera forcément de nouveau mise au vote, même si les salariés en lutte peuvent aussi choisir de «jouer la montre».


Volte-face de la direction


Finalement, la seule certitude apportée par la journée d'hier est venue d'une volte-face de la direction. Mi-juillet, ceux-ci avaient annoncé leur refus de voir l'expert-comptable, nommé par le comité central d'entreprise, se rendre dans l'usine italienne d'Osimo. Les syndicats, persuadés que le groupe ATG avait quelque chose à leur cacher, avaient aussitôt menacé d'attaquer leur patron en justice. Et ce mercredi, la direction du groupe italien a annoncé que la mission de l'expert était de nouveau d'actualité. Conséquence: les discussions relatives à l'ouverture du plan social débuteront le 14septembre.


Julien Vaillant

 

Chaffoteaux. Reprise du travail mais sans production

Le Télégramme-19 août 2009

 

Les salariés de l'usine ploufraganaise ont repris le travail, hier. Ils ont invité le directeur du site, de retour de vacances, à quitter les lieux.

Plus d'un mois et demi après l'annonce des 204 licenciements et de la fermeture du site de Ploufragan par les dirigeants d'ATG, c'est le coeur serré que les salariés de Chaffoteaux ont repris le travail, hier matin, aux Châtelets, conformément à la volonté de la majorité d'entre eux. Les salariés s'étaient, en effet, exprimés la veille à l'occasion d'un vote à bulletins secrets (LeTélégramme d'hier).


Des débrayages par roulement


Les conditions de sécurité n'étant pas réunies (les machines n'ont pas fonctionné depuis deux mois), aucune chaudière n'est toutefois sortie des chaînes de production. Les ouvriers, considérés comme au travail sans en avoir, ont poursuivi le blocage de leur usine. Chacun d'entre eux a débrayé pendant une heure, par roulement. Ils devraient faire de même aujourd'hui.


Une production jusqu'à mi-octobre


Le directeur du site ploufraganais, quant à lui, était de retour à l'usine, hier, après ses vacances. Arrivé avec un jour de retard, Aldino Zeppelli a dû faire face aux salariés, qui l'ont questionné sur la nature de sa mission. En réponse, le dirigeant italien a expliqué qu'il existait un programme de production jusqu'à la mi-octobre... Passée cette date, il semble donc que plus aucune chaudière ne sera assemblée à Ploufragan. Cette réponse ne les satisfaisant pas, les salariés ont convié le directeur à quitter les lieux en attendant le résultat du comité central d'entreprise qui se déroule ce matin, à partir de 10h, à Paris.

 

Chaffoteaux. Un retour au travail sous conditions

Le Télégramme-18 août 2009

 

Sans nouvelles de leurs patrons depuis un mois, les ouvriers de Chaffoteaux, à Ploufragan (22), reprennent le travail ce matin. Sans cesser le blocage pour autant.

 

Ils sont contraints à l'attente. Plus d'un mois et demi après l'annonce des 204 licenciements et de la fermeture du site de Ploufragan (22), les salariés de Chaffoteaux sont plus que jamais dans l'expectative. Cela fait près de quatre semaines qu'ils n'ont reçu aucun signe de vie des patrons d'Ariston Thermo Group (ATG), propriétaire de l'usine. Hier après-midi, au siège parisien du groupe italien, une standardiste expliquait d'ailleurs que l'ensemble de la direction était injoignable, «encore en vacances». Alors, ce matin, les ouvriers vont de nouveau pointer. La grève générale attendra. Car hier, après un vote à bulletin secret, «les Chaffoteaux» ont décidé la reprise du travail. Avec maintien du blocage de l'usine et débrayages tournants.

Reprise symbolique


Mais le retour derrière les machines ne devrait être que symbolique, la reprise de la production n'ayant même pas été planifiée. «Nous ne reculons pas. Nous avons adopté cette tactique car nous savons que nous allons devoir durer dans le temps», indique Martial Collet, délégué Force Ouvrière. «Nous avons décidé de faire perdre le moins d'argent possible aux salariés, embraye Chantal Jouan, son alter ego de la CGT. Mais à un moment donné, nous serons sûrement obligés de partir en lutte et de faire grève».


 «Ils cachent quelque chose»


Demain, représentants du personnel et de la direction se retrouveront à Paris pour un comité central d'entreprise. Et la discussion risque d'être houleuse. «Le calendrier et l'accord de méthode que nous avions signé début juillet ne sont plus valables. Nos patrons ont refusé que l'expert-comptable, que nous avions conjointement nommé, se rende à Osimo, en Italie, dans l'une des usines d'ATG», déplore Martial Collet. «Ils devront s'expliquer car ils cachent forcément quelque chose, poursuit Chantal Jouan. Nous pensons que tout est prêt dans l'usine italienne pour le 1erseptembre. Ils vont mettre en place les 2x8 et doubler les effectifs. C'est cela qu'ils veulent cacher à l'expert. Car dans ce cas, l'argument économique du plan social ne tient pas puisqu'il s'agit d'une délocalisation». À l'heure actuelle, les salariés de Chaffoteaux ont donc choisi de préserver leurs forces en prévision de la lutte à venir. Une lutte qui s'intensifiera lorsqu'ils auront sous les yeux les propositions de la direction d'ATG.


Julien Vaillant


Articles publiés du 18 au 26 août 2009 sur le site : http://www.letelegramme.com

 

 

 

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