Chérèque et Thibault affichent leur convergence de vues sur l'avenir du syndicalisme
Bernard Thibault et François Chérèque ont débattu de l'avenir du syndicalisme lors de l'université d'été de la CFDT, hier. Le leader de la CFDT en a profité pour évoquer l'éventualité d'un rapprochement avec la CFTC.
Ambiance détendue, hier, à Boissy-la-Rivière, près d'Etampes (Essonne). Et pourtant, la CFDT y a vécu un « événement historique », comme l'a souligné, tout sourire, la syndicaliste européenne Maria-Helena André, de la Confédération européenne des syndicats : le syndicat a accueilli le secrétaire général de la CGT. Ce n'est pas la première fois que Bernard Thibault se rendait devant une assemblée cédétiste puisqu'il est venu aux trois derniers congrès de la centrale, mais la première qu'il participait à un débat interne dans le cadre de son université d'été. Et comme il l'a dit avec humour, évoquant en creux son refus de se rendre au rendez-vous du NPA : « Je ne réponds pas à toutes les sollicitations. »
Pendant près de trois heures, les deux numéros un ont évoqué les « défis du syndicalisme de demain », tandis qu'à quelques kilomètres de là, à Marcoussis, à l'occasion de l'université d'été de la CFTC, cette dernière, FO et la CGC discutaient des moyens de changer la réforme de la représentativité du 20 août 2008.
On savait que cette réforme, soutenue par les deux premières organisations syndicales françaises, avait définitivement réconcilié François Chérèque et Bernard Thibault, dont les relations avaient connu auparavant quelques coups de froid. Cela s'est confirmé dans la discussion. Même dénonciation des contournements par le biais d'initiatives parlementaires de la loi sur le dialogue social, qui oblige le gouvernement à saisir les partenaires sociaux de tout sujet social avant de légiférer. Même diagnostic, aussi, sur la vertu de la réforme de la représentativité. « Un syndicalisme sans adhérents serait un syndicalisme mort », a expliqué Bernard Thibault, tandis que François Chérèque ajoutait : « L'institutionnalisation nous pendait au nez » sans cette loi. Mais, ont rappelé les deux leaders syndicaux, la réforme va « bousculer » y compris leurs organisations. « Je me fais engueuler régulièrement » pour avoir soutenu la réforme, a expliqué François Chérèque, soulignant qu'elle « remet en cause toutes les situations acquises ».
Jusqu'à provoquer des fusions ou absorptions ? L'échec de la fusion Unsa-CGC fait figure de repoussoir. « Ce genre de projet, surtout concocté dans un cercle restreint et sans informer les adhérents, peut se traduire au final par moins de syndiqués qu'il n'y en avait avant », estime le leader de la CFDT, qui n'a pas fait allusion à une autre démarche de rapprochement sur des dossiers précis, en cours entre la CGT et la FSU. En revanche, François Chérèque a saisi l'occasion pour lancer un appel appuyé à la CFTC : « Comment se fait-il que deux syndicats de culture commune comme la CFDT et la CFTC » ne puissent pas se poser la question de se rapprocher, évoquant la fusion récente au niveau mondial des syndicats d'obédience chrétienne et laïque.
Il n'était pas question de se fâcher, hier, et l'attitude à adopter vis-à-vis du gouvernement n'a guère été évoquée. Mais des sujets sensibles n'ont pas été ignorés. Ainsi, le secrétaire général de la Fédération des services CFDT, Gilles Desbordes, a-t-il interrogé Bernard Thibault sur la faible propension de la CGT à signer des accords dans les branches. « Dès lors que le poids donné par les élections professionnelles va donner un pouvoir important dans les négociations, tous les syndicats vont devoir resserrer le lien avec les salariés », a répondu Bernard Thibault. « On a un débat à avoir sur le compromis, car on est les rois du pétrole, on signe des accords que la CGT valorise », s'est amusé François Chérèque, évoquant celui sur le marché du travail (non paraphé par la CGT), cité en exemple dans les documents de congrès cégétistes.
Article publié le vendredi 28/08/2009 sur le site LesEchos.fr
http://www.lesechos.fr/info/france/020115307708-chereque-et-thibault-affichent-leur-convergence-de-vues-sur-l-avenir-du-syndicalisme.htm