Compiègne-60 Six « Conti » écopent de trois à cinq mois avec sursis
Xavier Mathieu (à gauche) et Olivier Besancenot (à droite)
(photos DOMINIQUE TOUCHART)
Le tribunal correctionnel de Compiègne a prononcé ce mardi matin des peines allant de trois à cinq mois de prison avec sursis contre six des sept ouvriers de l'usine Continental de Clairoix, poursuivis pour le saccage de la sous-préfecture de Compiègne en avril. Un 7e prévenu a été relaxé.
Xavier Mathieu, délégué syndical CGT, écope de cinq mois de prison avec sursis alors que le Parquet n'avait requis que trois mois. Les peines sont en revanche identiques aux réquisitions pour les cinq autres "Conti" condamnés.
Les six ouvriers étaient poursuivis pour «destructions en réunion de biens au préjudice de l'Etat». Ils avaient participé au saccage des bureaux de la sous-préfecture de Compiègne le 21 avril, envahie par quelque 200 "Conti" dans le cadre d'une lutte emblématique pour la sauvegarde de leur usine de pneus, dont la fermeture avait été annoncée en mars.
Lors du procès, le 17 juillet, Xavier Mathieu, délégué CGT de Continental, avait reconnu un «dérapage» qui n'avait «pas été prémédité».
Le jugement a été accueilli en silence dans la salle. Mais à la sortie, les prévenus ont exprimé leur «rancoeur» de l'absence de relaxe. Le tribunal n'a certes pas prononcé d'amende, mais l'affaire étant renvoyée sur intérêts civils au 4 novembre.
D'ores et déjà, les six "Conti" sont condamnés «solidairement à rembourser le préjudice». Ils devront donc payer la note des dégâts, estimée a minima par la sous-préfecture à 60 000 € au lendemain du saccage.
Xavier Mathieu avait déclaré avant l'audience qu'il attendait de celle-ci «deux choses, la relaxe et la fin de l'histoire des "Conti"». Après le rendu du jugement, ému, il a fustigé un «bel exemple de matraquage de l'Etat qui veut empêcher la classe ouvrière de s'exprimer. C'est dégueulasse, il n'y a pas de justice dans ce pays».
«J'ai de la rancoeur, on s'est battu dignement et le gouvernement a décidé de faire un exemple», a ajouté Xavier Mathieu devant les quelque 250 ouvriers de Continental et militants d'extrême gauche présents. Il a appelé à une assemblée générale dans l'usine mercredi à 14 heures mais une manifestation impromptue était improvisée dans la matinée dans le centre de Compiègne.
Egalement présent à Compiègne, Olivier Besancenot (NPA) s'est dit «écoeuré» devant cette «provocation», estimant que «le message du gouvernement avait été reçu». Arlette Laguiller (LO) a pour sa part jugé «inadmissible que les travailleurs paient alors que ce sont les dirigeants de l'entreprise qui ont ruiné un territoire».
Article publié le mardi 1er septembre 2009 sur le site courrier-picard.fr
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