Compiègne-60 Les juges refusent de passer l'éponge

Publié le par sphab/cgt & associés

Compiègne-60
Les juges refusent de passer l'éponge (lien-video)

L'avocate des Conti dénonce une « décision juridiquement impossible mais politiquement possible ».
L'unique salarié relaxé -« un cultivateur » à ses heures perdues, plaisante Xavier Mathieu-
aurait préféré « le même jugement pour tout le monde. » (Photo D. Touchart)

Le tribunal correctionnel a condamné six des sept Conti, poursuivis pour le saccage de la sous-préfecture, à des peines comprises entre 3 et 5 mois de prison avec sursis. Ils sont allés au-delà des réquisitions du parquet concernant le leader CGT. Le message est clair. Les juges compiégnois ont refusé de passer l'éponge sur le saccage de la sous-préfecture, le 21 avril dernier, comme les Conti le réclamaient. Au contraire, ils ont choisi de durcir le ton en allant parfois au-delà des réquisitions du procureur de la République, Ulrika Delaunay-Weiss.

 

Un seul Conti est relaxé. Les six autres sont condamnés à des peines de 3, 4 et 5 mois de prison avec sursis. Dans cette loterie un peu singulière (« que les juges n'ont pas motivée », peste l'avocate des Conti, Marie-Laure Dufresne Castets), le tarif est plus lourd pour deux d'entre eux, dont la figure emblématique du conflit, le cégétiste Xavier Mathieu.

« Solidairement responsables »

Pour lui, ce sera deux mois de plus que les réquisitions du parquet, lequel s'était montré plus clément, au cours du procès le 17 juillet, pour les 5 prévenus « qui ont assumé leurs responsabilités » Là s'arrête le distinguo. Car les six Conti condamnés sont déclarés « solidairement responsables » des dégâts commis à la sous-préfecture, évalués a minima à 60 000 €.

 

Ce procès-là est renvoyé au 4 novembre. Il y aura donc une seconde manche, voire une troisième si les six Conti décident de faire appel, une stratégie à laquelle ils « réfléchissaient », mardi. Reste une certitude : la décision du tribunal correctionnel est de nature à souffler sur les braises d'un conflit que le mois d'août a mis en sourdine. « C'est un bel exemple de matraquage, s'indigne le délégué syndical CGT Xavier Mathieu. L'Etat veut empêcher la classe ouvrière de se révolter. C'est tout simplement dégueulasse ».


La CGT appelle à la reprise des assemblées générales quotidiennes devant l'usine dès aujourd'hui. La CGC se dit « surprise » de la distorsion de traitement entre « des gens qui ont défendu leur croûte et des paysans ou des marins-pêcheurs qui peuvent tout casser sans être condamnés ».FO s'indigne face à une « telle provocation » et la CFDT juge « très lourde cette épée de Damoclès mise sur la tête de six salariés, pendant cinq ans ».

« La classe ouvrière visée »

Quant à la gauche, présente sur place, hier, elle surfe plus que jamais sur le symbole que lui offre à nouveau le conflit des Conti, à quelques mois des régionales.

 

Premières victimes de la crise en France, première intersyndicale qui dure, les Conti entrent désormais dans le club très fermé des rares condamnés pour le saccage d'une sous-préfecture.

 

Les ténors de la gauche et de l'extrême-gauche exploitent déjà l'argument. Version socialiste (le conseiller général François Ferrieux) : « C'est la classe ouvrière qui a été visée dans ce jugement. C'est inadmissible ». Version Arlette Laguiller (Lutte ouvrière) : « Les cultivateurs sont très rarement condamnés ; les ouvriers toujours. Ceux qui devraient être devant les tribunaux, ce sont les dirigeants de Continental. Où sont les promesses de la ministre Christine Lagarde qui annonçait des poursuites contre eux ? »

 

A l'applaudimètre, la question a fait un tabac. Le ton de la rentrée sociale est donné.

 

LAETITIA GALDEANO

 

 

Article publié le mercredi 2 septembre 2009 sur le site courrier-picard.fr

http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Les-juges-refusent-de-passer-l-eponge

 



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