PLoufragan-22-Chaffoteaux La lutte autrement [La chanson]
Ploufragan-22
Chaffoteaux. La lutte autrement
[La chanson]
Menacés de licenciements, contraints à l'inactivité puisque leurs patrons refusent de les approvisionner en pièces détachées, les salariés de l'usine Chaffoteaux, à Ploufragan (22), multiplient les initiatives susceptibles de faire parler d'eux. Inaugurant ainsi un nouveau mode de lutte.
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«Nos patrons pensaient peut-être que nous allions nous regarder dans le blanc des yeux ou nous manger entre nous. C'est le contraire qui s'est produit: non seulement nous sommes de plus en plus solidaires mais, en plus, ils nous ont donné la possibilité d'organiser notre lutte». Midi, ce vendredi, dans l'usine Chaffoteaux de Ploufragan. Gaëlle Boitard, 30 ans - dont huit passés dans l'entreprise -, termine sa matinée de travail. Sans avoir assemblé le moindre chauffe-eau. Car depuis un mois, les camions remplis de pièces détachés arrivent au compte-gouttes sur le site. Ainsi en ont décidé les dirigeants du groupe italien ATG (la maison mère de Chaffoteaux). Résultat, chaque matin, les ouvriers (qui ont voté la reprise du travail le 18août) enfilent leur bleu de travail avant de se diriger vers la pointeuse. Mais en sachant qu'ils ne vont rien produire. Dès lors, barricadés dans leur usine qu'ils bloquent depuis trois mois, les «Chaffoteaux» «s'occupent». Pour surmonter leur angoisse et ne pas ruminer les 204 licenciements programmés. «Nous avons tous des coups de blues, mais nous devons absolument garder le moral. Ce n'est pas le moment de baisser les bras», explique le presque quinquagénaire Rémi Pincemin, entré dans l'usine une semaine après sa majorité
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«Que les gens se souviennent de nous»
Les ouvriers «savent faire autre chose que visser des boulons»
«Nous menons une nouvelle sorte de lutte, mais tout ce que nous faisons a un sens», continue Gaëlle Boitard. «Et l'un des points positifs de ces actions, c'est qu'on parle de nous tout le temps», apprécie Christelle Hervé, l'une des ouvrières impliquées dans le projet de chanson. «De plus, tout ceci agace fortement nos dirigeants, car notre combat a un impact international et eux vendent dans le monde entier», estime la déléguée CGT Chantal Jouan. «Nous les avions pourtant avertis de notre capacité de nuisance dès le départ», poursuit son alter ego de Force ouvrière, Martial Collet, avant de conclure: «Avec tous ces projets, les salariés ont montré qu'ils savaient faire fructifier leurs idées. Qu'ils peuvent faire autre chose que visser des boulons».
Julien Vaillant
Article publié le lundi 14 septembre 2009 sur le site letelegramme.com