AP-HP (75)-L’Hôtel-Dieu au bord du chaos

Publié le par sphab/cgt & associés

AP-HP (75)

 

L’Hôtel-Dieu
au bord du chaos

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La CGT et les médecins de l’hôpital parisien en pleine restructuration s’insurgent contre les conditions d’accueil des malades et le stress croissant enduré par les soignants.


Sous son jardin anglais, ses galeries du XIXe siècle, c’est le chaos qui règne à l’Hôtel-Dieu 
(4e arrondissement de Paris). Dans le plus vieil hôpital parisien de l’Assistance publique (AP-HP), médecins et personnel paramédical, au bord de la crise de nerfs, estiment ne plus pouvoir exercer sans mettre la vie de leurs patients en danger. Pour le second week-end, les médecins étaient à deux doigts de faire valoir leur droit de retrait. Depuis le 1er novembre, la direction a décidé de supprimer les astreintes de chirurgie et les gardes de radiologie. Si des solutions ont toujours été trouvées à la dernière minute, pour les soignants, le fonctionnement au jour le jour a assez duré. En enlevant ces gardes, la direction du groupe hospitalier (GH), qui regroupe Cochin, Broca, Hôtel-Dieu, espère accélérer le démantèlement de l’Hôtel-Dieu vers Cochin. À terme, le service d’urgence, qui compte 
80 000 passages par an, fonctionnerait sans plateau technique, c’est-à-dire sans possibilité d’opérer les cas critiques sur place. Le docteur Gérald Kierzek, urgentiste, responsable du service mobile d’urgence et de réanimation (Smur), est atterré. « Si on n’a pas d’astreinte de chirurgie, il y aura des morts. Le 17 octobre on a rattrapé d’un cheveu une femme qui avait une grossesse extra-utérine avec 7 de tension. Si on la transporte à Cochin, on la tue. »

 

"Comment on fait en pleine nuit en cas d'urgence ?"

 

Le même scénario est imaginable pour la garde de radiologie, qui se termine à 23 heures les soirs de semaine. « Comment on fait si à 23 h 30 quelqu’un à mal au ventre et qu’on a besoin de lui faire une échographie ? » interroge le médecin. Ce travail sur le fil du rasoir plombe les blouses blanches. Mercredi dernier, un danger grave et imminent a été déposé par la CGT au Comité d’hygiène de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). « Depuis le départ de la biologie et d’autres services en 2010, le malaise s’est généralisé, on a perdu près de 300 agents », précise Alain Carini, secrétaire de la CGT de l’hôpital. Le docteur Kerzek poursuit : « Le médecin du travail nous a confié que pour la première année, elle voit entrer les gens dans son bureau et hurler. On a dépassé la ligne jaune, les gens sont épuisés. » L’enquête du cabinet Émergences remise au CHSCT en avril avait bien constaté « des effectifs tendus et une charge de travail difficilement maîtrisable ». En ce qui concerne les restructurations, elle avait pointé du doigt « un manque d’informations quant aux décisions prises (...), source de mal-être au travail pour les agents ». Un rapport non suivi d’effet. La CGT soupçonne la direction de tout faire pour pousser les personnels à partir. Et ainsi aboutir à la fermeture de cet hôpital de proximité, très bien desservi dans le centre de Paris. Pour Guillaume Gandoin, infirmier aux urgences, 
il n’y a pas trente-six solutions, « dans ces conditions, soit on ferme l’hôpital, soit on met en place un vrai projet ».

 

Cécile Rousseau

 

source: humanite.fr (lundi 7 novembre 2011)

 

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