Carhaix (29)-IME un avenir incertain
IME de Carhaix (29)
un avenir incertain
Ça tousse à l'IME ! La moitié du personnel est concerné par un plan de restructuration. Pour l'heure, il a été suspendu mais l'inquiétude demeure.
Fermeture de la cuisine et de la blanchisserie, suppression de postes, diminution des admissions en internat, l'EPMS de Kerampuilh (ancien l'IME) est dans le viseur de l'Agence Régional de Santé*. les syndicats redoutent le pire: une fermeture, à terme, de l'établissement qui accueille actuellement 91 jeunes de 6 à 25 ans. Pour l'heure, après un conseil d'administration houleux et deux débrayages, le personnel n'est pas rassuré sur son avenir. Le conseil d'administration a obtenu de l'ARS un gel « provisoire » de ce plan de restructuration. Pas plus... débrayer. A deux pas, se tient un conseil d'administration extraordinaire. A l'ordre du jour: un document de l'Agence Régionale de Santé, envoyé fin septembre au directeur de l'établissement, et qui présente plusieurs injonctions: suppression de sept postes en cuisine et un poste en blanchisserie (ce qui revient à la fermeture des services); une réduction des effectifs
DES SUPPRESSIONS DE POSTES
L'ambiance est tendue ce vendredi 14 septembre devant les grilles de l'IME. le personnel, au nombre de 70, est appelé à débrayer. A deux pas, se tient un conseil d'administration extraordinaire. A l'ordre du jour: un document de l'Agence Régionale de Santé, envoyé fin septembre au directeur de l'établissement, et qui présente plusieurs injonctions: suppression de sept postes en cuisine et un poste en blanchisserie (ce qui revient à la fermeture des services); une réduction des effectifs de 75 internes à 30 (à l'horizon 2013), la transformation de postes éducatifs en aide médicopsychologique. Selon l'intersyndicale (Sud,CFDT,CGT),le directeur, dans ses réponses, demande « l'élaboration d'un nouveau, projet d'établissement, propose l'application des consignes de l'ARS et la suppression de 15 emplois: deux veilleurs de nuit au 3 janvier 2012 et proqressivement 13 postes occupés par des contractuels, à compter de la rentrée de septembre 2012 ».
Les syndicats ont fait les comptes. C'est la moitié du personnel qui est concernée par ce plan de restructuration soit directement par une suppression de poste, une fermeture (cuisine et blanchisserie) ou une mutation forcée; ce qui devrait se produire si les postes éducatifs sont remplacéspar des aides rnédico-psychologiques, postes moins qualifiés et moins rémunérés. « On n'a aucune indication sur le devenir du personnel, les reconversions. Ce document est d'une rare violence, commente laurent Costemale de la CfDT.' les titulaires peuvent très bien perdre leur emploi. C'est le cas s'il y a trois refus de mutation or il n'y a pas de poste dans la région. On est dans une politique de casse de la fonction publique ».
FAIRE DES ÉCONOMIES
« Après les hôpitaux, la casse est arrivée dans le handicap», souligne à son tour Henri Guillemot, du syndicat Sud. Les préconisations de l'ARS visent un objectif selon lui: faire des économies. « Une journée de prise en charge pour un jeune coûte 200 € dans un établissement spécialisé; au sein de l'Education nationale c'est zéro euro mais chez nous, la prise en charge est globale. Ils sortent d'ici et ils ont un métier. La loi pour l'égalité des droits et des chances favorise l'intégration dans l'Education nationale mais il n'y a pas de moyens. Au bout du compte, les handicapés vont rester chez eux. les familles vont se retrouver dans des situations dramatiques », la crainte finale des syndicats ? Que l'IME ferme. « lorsqu'il n'y aura plus que 30 internes c'est-à-dire dix sur le site et 20 en hébergement extérieur, qu'est-ce que l'on pèse, on se fera balayer... », poursuit laurent Costeinale. A l'issue du conseil d'administration, les salariés n'ont pas été plus rassurés sur leur sort. Le conseil a tout de même obtenu un gel provisoire du plan de restructuration. « le conseil d'administration refuse en bloc ce projet, dit Gérard Rivoal, représentant du personnel. On attend maintenant la position réelle et définitive du directeur de l'ARS». la vigilance reste donc de mise...
TLC
* L'ARS ne souhaite pas pour le moment communiquer sur le dossier.
Christian Troadec :
«On reste vigilant»
L'IME de Kerampuilh menacé ? Les élus n'ont pas tardé à réagir. Richard Ferrand a écrit au directeur de l'ARS et Christian Troadec, maire et président du conseil, d'administration de l'IME condamne ce projet de restructuration.
Christian Troadec, maire et président du conseil d'administration de l'EPMS (ancien IME) de Kerampuilh: « Un conseil d'administration extraordinaire a été convoqué suite au courrier reçu de l'ARS. On a condamné la méthode et on a ordonné le retrait de ce qui a pu être imposé. On va faire entendre notre voix. Cette histoire, c'est un pillage, comme pour le centre hospitalier de Carhaix. L'ARS, veut réaliser des économies; une économie de 700.000 € sur le budget de fonctionnement. On reste vigilant ».
Richard Ferrand, conseiller régional délégué .aux services publics: « Mon attention a été appelée sur le projet de restructuration de l'IME de Kerampuilh. Il m'est apparu que certaines observations de l'ARS Bretagne occasionnent des interrogations, voire de graves inquiétudes. L'accueil, à l’IME de Carhaix et plus particulièrement dans son internat, de jeunes actuellement en attente de places paraît problématique si les capacités d'accueil devaient être réellement réduites ainsi qu'évoqué par l'ARS. Je rappelle que les associations impliquées auprès des personnes handicapées estiment le manque de places en établissements à 150 ou 200 dans le seul département du Finistère et constatent que les familles pallient tant bien que mal cette carence en gardant leurs enfants - jeunes ou moins jeunes - à la maison, donc sans, l'accompagnement adapté. Hormis le défaut d'intervention professionnelle adaptée et complète auprès de ces enfants et de ces adultes, la situation pénalise de nombreuses familles sur le plan pécuniaire puisque beaucoup de mères cessent leur activité professionnelle pour s'occuper à la maison de leur enfant handicapé réduisant ainsi les ressources budgétaires de la famille ... »
Parents d'élèves: « C'est faire des économies sur le monde du handicap »
Vice-président de l'association des parents d'élèves, Jacques Michel se dit « doublement » concerné par les menaces qui planent sur l'établissement public médico-social de Kerampuilh. Ici, il a deux filles, âgées de 14 et 20 ans.
Quelle était l'ambiance, à la table du conseil d'administration, ce 14 octobre?
Assez électrique ! Tous les partenaires (délégués du personnel, président du CA, percepteur, parents) ont dit la même chose: ce n'est pas acceptable ! Je pense que l 'ARS a compris. Après, nous ne sommes pas à l'abri d'une surprise avec le grand directeur de Rennes (... ) Mais que l'Agence Régionale de Santé ne s'entête pas à vouloir fermer des structures qui ont vocation à être utiles.
Les syndicats s'inquiètent pour l'avenir même du site. Est-ce également le cas des parents ?
S'ils commencent à démanteler les services un par un, oui !
A titre personnel, comment vivez-vous cette décision?
On a déjà des inquiétudes, car nous ne trouvons pas de sortie dans le milieu adulte pour mon aînée. Et la plus jeune a encore 6 ans à faire à l'IME ...
Comment expliquez-vous ce choix de l'ARS ?
Ils veulent récupérer de l'argent ! La réduction du budget de fonctionnement voulue avec cette mesure mettrait en danger un quart du personnel de l'établissement. Il y a donc aussi une menace sur la qualité de prise en charge de nos enfants.
C'est donc, pour vous, une question de sous ?
Oui, prioritairement (... ). Il y a eu la justice, les hôpitaux, l'Education nationale ! C'est faire des économies sur le monde du handicap.
Un monde du handicap qui manque déjà de structures.
Dans le Finistère, 120 jeunes de plus de 20 ans sont maintenus en IME, faute de place en structures pour adultes. Ils sont 12 à Carhaix. Ici, également, une quinzaine de jeunes se trouve sur liste d'attente ... Pourtant, l'ARS préconise le gel de toutes ces rentrées. Cela veut dire que l'on n'intègre plus. On ne peut pas cautionner ce genre de comportements.
Quel regard portez-vous sur la suppression annoncée de postes ?
C'est surtout une transformation des postes spécialisés d'éducateurs, qui seraient remplacés par des aides médico-psychologiques. C'est comme si, à l'hôpital, on remplaçait des infirmières par des aides-soignantes. Ça, c'est fait, aussi, pour récupérer des budgets.
Quelles sont les prochaines étapes?
Il est convenu que l'on se revoit régulièrement avec l'ARS, en conseil d'administration, pour rediscuter d'un autre projet d'établissement.
L'ARS a dit qu'elle suspendait sa décision jusqu'au printemps (... ) Si jamais ce n'était pas fait, la mobilisation des parents gonflerait. .. On pourrait aussi envisager des actions communes avec le personnel.
Proposrecueillis
par SophieBenoit
source: Le Poher (semaine du 19 au 25 octobre 2011)