Conti-une solidarité qui paye
Les dons continuent d'affluer de la France entière et même de l'étranger. Au total, l'association Solidarité Continental a récolté 64 000 €, « sans compter les versements des salariés », affirme son président, Jean-Pierre Dequesnes.
La semaine dernière, j'ai encore reçu 60 € de dons, c'est beaucoup moins qu'au début, mais des gens donnent encore. C'est rassurant de voir que l'on ne nous oublie pas. » Depuis le début du conflit, en mars 2009, Jean-Pierre Dequesnes, 30 ans chez Continental, est devenu un professionnel de la comptabilité. « Je fais à l'ancienne, dans un grand cahier d'écolier dans lequel je note aussi bien les dépenses que les recettes. Aujourd'hui, nous avons 64 000 € sur le compte en banque, sans compter les contributions payées par les salariés ».
Alors que les ouvriers ont commencé à faire parler d'eux le 11 mars 2009, la solidarité s'est fait sentir plus d'un mois après. « En mai, nous avons reçu les premiers chèques. Auparavant, nous avions écrit aux 240 communes où vivent des ouvriers, nous avons eu une trentaine de réponses. Certains dons allaient jusqu'à 5 000 €, d'autres étaient moins importants. Des maires ont expliqué qu'ils ne pouvaient pas participer car, comme nous, ils devaient faire face à un plan social », décrit-il. Les comités d'entreprises ont également été sollicités. « Ceux qui ont répondu étaient, le plus souvent, affiliés à la CGT. »
Pour savoir si l'on parle du conflit dans les médias, Jean-Pierre Dequesnes n'a pas besoin d'ouvrir un journal ou d'écouter la radio. « Dans les jours qui suivent, je reçois un pic de courriers. Dans chaque reportage, dans chaque intervention, on rappelle l'existence de cette caisse de solidarité. Il y a eu des dons de la France entière, des DOM-TOM, de Belgique. Il y avait des choses touchantes comme cette grand-mère qui s'excusait de ne donner que 20 € car elle n'avait pas une grosse retraite. Il y a aussi ce syndiqué CGT qui a déchiré sa carte et nous a envoyé l'équivalent de sa cotisation annuelle. »
Président de l'association de solidarité, Jean-Pierre Dequesnes a dû également comptabiliser les contributions des salariés. « Sur les 1120, 540 ont renvoyé le chèque de 100 €. Certains ont préféré nous envoyer une carte postale de Strasbourg avec ce message : "voilà où j'ai préféré dépenser mes 100 euros". C'est dommage, mais je ne suis pas vraiment étonné », constate-t-il.
La vente des tee-shirts a également été comptabilisée dans la caisse de solidarité. « 4 000 tee-shirts ont été réalisés et il doit en rester à peine une vingtaine. On en a vendu partout : sur les marchés, les brocantes, même à Hanovre. C'est bien, cette solidarité, ça m'a occupé pendant six mois. L'association est éphémère, on sait que ça s'arrêtera un jour ».
AGNÈS BRIANÇON
Article publié le 13 janvier 2010 sur le site http://www.courrier-picard.fr