Déclaration du Front Syndical de Classe après le 7 septembre
Déclaration
du Front Syndical de Classe
A Douai avec l'UL CGT historique
Après le 7 septembre
La journée d’action du 7 septembre a été un grand succès, avec des cortèges impressionnants dans de nombreuses villes qui laissent entendre que les plus grandes mobilisations de 2003 ont été égalées sinon dépassées. Pas de doute, la mobilisation populaire est bien là, confirmée par les 70 % de soutien dans l’opinion.
Que peut-il se passer maintenant ?
Du côté du gouvernement, aucune surprise et on se demande bien ce que pouvaient espérer ceux qui attendaient sa réponse : le maintien de sa réforme de casse des retraites, dans le droit fil des contre-réformes précédentes et du sommet européen de Barcelone (2002) prévoyant le recul de l’âge de la retraite à 67 ans dans toute l’UE. Les aménagements annoncés à grand renfort de médias (et déjà prévus pour permettre à certains de dire que les choses évoluent) ne sont que des cache-misère de la régression qui s’annonce : recul du départ de l’âge à la retraite, baisse des pensions pour tous les salariés et ouverture des retraites à la capitalisation. Comme l’expliquait récemment Sarkozy : « Je souhaite que soient confiées de nouvelles responsabilités aux organismes complémentaires. (…) La solidarité nationale continuera de remplir sa mission. Mais à ses côtés, d’autres formes de protection sont appelées à se développer ». Faut-il s’en étonner alors qu’il est aux ordres des puissances d’argent et que son frère Guillaume s’occupe de retraites complémentaires au sein du groupe Malakoff/Médéric, le cartel le plus puissant d’Europe dédié aux retraites complémentaires ?
De leur côté, les directions syndicales viennent de se réunir et d’en appeler à une nouvelle journée de grève, le 23 septembre, sans que soit mentionnée la revendication centrale du retrait du projet, ni d’ailleurs aucun autre objectif ou plan d’action.
La question qui se pose désormais à tous les travailleurs et tous les militants est de savoir ce que sera cette journée et ce qu’ils en feront.
- Va-t-il s’agir d’une nouvelle journée d’action à l’issue de laquelle les états-majors demanderont au gouvernement s’il a entendu avant de décider d’une suite éventuelle 15 jours plus tard ? Cette tactique des journées d’action dispersées sans revendication claire a déjà montré son inefficacité à de nombreuses reprises. C’est la tactique du syndicalisme d’accompagnement qui cherche non pas à créer le rapport de force pour gagner mais à obtenir des concessions et à négocier la régression, ce qui débouche sur d’incessants reculs. A ce sujet, Chérèque et Thibault ont envoyé un signal fort en invitant John Monks, secrétaire général de la Confédération Européenne des Syndicats, à manifester à leur côté. Nos retraites seront certainement bien défendues par celui qui pense « qu’on peut reculer l'âge de départ à la retraite, et qu'il est "capital" (sic !) de faire travailler les seniors », par celui qui, en novembre 1999, lorsqu'il était dirigeant de la centrale syndicale britannique TUC (Trade Union Congress), soutenait ardemment un certain Tony Blair, qui mettait en place les "retraites participatives" : « Nous sommes très satisfaits des propositions du gouvernement en ce qui concerne la réforme des retraites : il y a trop peu de salariés qui épargnent suffisamment pour leur retraite ».
- Ou bien la base va-t-elle parvenir à utiliser le 23 septembre pour construire et imposer le rapport de force de grande ampleur nécessaire pour gagner face à un pouvoir qui ne reculera que le couteau sous la gorge ?
C’est maintenant qu’il faut poser en AG, en réunions syndicales, en intersyndicales locales… la question du tous ensemble en même temps et de la grève reconductible, celle du blocage des zones industrielles et commerciales ainsi que le soumettait récemment la CGT Goodyear… pour imposer le retrait du projet Woerth-Sarkozy, nécessaire pour obtenir satisfaction sur les autre revendications (annulation des contre-réformes de 1993, 2003 et 2007 sur les régimes spéciaux).
Pour cela, prenons nos affaires en main par en-bas. Une nouvelle journée d’action ne suffira pas. C’est bien une grève reconductible tous ensemble qu’il convient non pas de décréter mais de mettre en débat. Que dans toutes les entreprises et les bassins d'emploi se réunissent les travailleurs pour décider du sens et des suites de la lutte.
PAS QUESTION DE TRAVAILLER JUSQU'A 67 ANS
ET DE TOUCHER DES PENSIONS DE MISERE
ALORS QUE LES FORTUNÉS S’ENGRAISSENT
COMME JAMAIS
LA REGRESSION SE NEGOCIE PAS
POUR LE RETRAIT DE WOERTH-SARKOSY
PREPARONS DES MAINTENANT LA SUITE POUR GAGNER
Source :frontsyndical-declasse.org (8 septembre 2010)