Flou sur l’avenir de l’hôpital public
Dans le plus ancien hopital parisien de l'Assistance Publique (AP-HP), médecins et personnels paramédicaux sont au bord de la crise de nerfs
Alors que la direction de l’AP-HP souhaite faire de l’Hôtel-Dieu un hôpital de santé publique, les médecins portent un projet qui prévoit un meilleur accès aux soins.
Avec l’Hôtel-Dieu, l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP) ne sait plus sur quel pied danser. C’est le flou artistique sur l’avenir de la structure. Aux dernières nouvelles, le plus vieil hôpital de Paris se convertirait en hôpital de santé publique. Les urgences et les consultations resteraient sur place. Mais elles devraient cohabiter avec une école de chirurgie. Encore plus surprenant, une partie de l’administration du siège de l’AP-HP pourrait emménager en ses murs. Le but étant de faire des économies et de transférer un maximum d’activités de santé à Cochin, qui fait partie du même groupe hospitalier. Mais les décisions sont parfois prises à la limite du bon sens. Ainsi, la direction du groupe a décidé de rapatrier l’ophtalmologie sur Cochin. Sachant que le service de l’Hôtel-Dieu est flambant neuf et que son transfert nécessiterait la construction coûteuse d’un bâtiment à Cochin. Une ineptie totale pour le docteur Dinah Vernant. « C’est de l’enfumage ! Quand j’entends dire qu’ils veulent en faire un hôpital de santé publique, j’ai l’impression qu’il y aura plus que des gens derrières des ordinateurs. »
Dans sa consultation, elle accueille beaucoup de jeunes défavorisés. La situation de l’Hôtel-Dieu, sur l’île de la Cité, est au carrefour des lignes de métro et de RER. « Il est très accessible pour les jeunes qui viennent du 93. Il doit rester un hôpital de proximité, pas question d’en faire un hôpital pour les riches ! » Le docteur Vernant est également présidente de l’association Un hôpital pour tous, qui porte un projet alternatif pour l’Hôtel-Dieu qui porte la marque du professeur de radiologie, Dominique Vadrot. Ce dernier propose de développer un centre de radiologie ouvert 24 heures sur 24, accessible aussi aux équipes de SOS Médecins, et qui bénéficie du tarif secteur 1 de l’assurance maladie. Mais le dédain de la direction exaspère le professeur Vadrot. « Ce projet pourrait répondre à un besoin, il est viable économiquement. Au lieu de ça, on me supprime des gardes et un poste tous les ans depuis 2009. » Si la CGT est d’accord dans les grandes lignes, elle s’oppose farouchement à la venue du siège, contrairement aux médecins. « On veut que l’Hôtel-Dieu reste un hôpital ! » campe Alain Carini, secrétaire de la CGT. De son côté, la direction de l’AP-HP peine toujours à accorder ses violons sur son avenir. Conserver la vocation hospitalière de l’Hôtel-Dieu ou laisser ses belles pierres centenaires aux soins des promoteurs immobiliers ?