Guéret (23)- Radiothérapie: les Creusois gagnent une victoire face à l’Etat

Des mois de mobilisation de la population, des professionnels de santé et des élus 
du de la Creuse ont permis d’arracher la réouverture du service de radiothérapie.

«La radiothérapie va pouvoir rouvrir à Guéret. » C’est en ces quelques mots que Xavier Bertrand, le ministre de la Santé, a annoncé la fin de plusieurs mois de conflit entre la Creuse et l’État. La majorité des maires creusois avait en effet gelé leurs relations avec l’État pour réclamer la réouverture du service de radiothérapie, fermé en juin dernier. Le ministre a indiqué que le service allait rouvrir « au plus tard » en septembre, en collaboration avec le CHU de Limoges.

« C’est la preuve qu’on peut gagner la lutte quand est nombreux et solidaires », se réjouit Daniel Dexet, conseiller général communiste de la Creuse. Le volte-face est inattendu, même si certains pressentaient que le vent tournait. La décision de fermeture avait été prise en décembre 2009, sur préconisation de l’Institut nationale du cancer (Inca) qui estimait à 600 le nombre minimum de patients qu’un centre doit traiter annuellement. Le service de radiothérapie n’en traitait que 200 par an. Le nouveau pôle de radiothérapie Limoges-Guéret devrait, lui, réunir 800 à 1 000 patients par an et bénéficier d’une équipe renforcée.

« Xavier Bertrand décrète qu’il n’y a plus de problème et confirme ce qu’on propose depuis des années, à savoir qu’il faut créer des complémentarités entre petits et gros hôpitaux pour maintenir un maillage sanitaire », déplore Michel Anthony, président de la Coordination nationale des hôpitaux et maternités de proximité, qui n’est néanmoins pas dupe du lobbying mené par le député-candidat UMP local, Jean Auclair, en vue des élections cantonales…

Comme le souligne Claude Guerrier, maire PCF de Saint-Sulpice-le-Guéretois, « on n’a jamais eu la volonté de mettre en cause les normes. Sauf que les autorités de santé s’appuyaient sur les normes pour accélérer les fermetures ». C’est d’ailleurs ce qui frappe actuellement plusieurs hôpitaux franciliens (Argenteuil, Gonesse, Lagny) dont les services de radiothérapie, rythmologie cardiaque et coronarographie sont menacés de fermeture faute de faire assez de patients !

« Le gouvernement s’aperçoit que les suppressions et les fusions ne suffisent plus à combler les déficits. Donc il s’attaque à d’autres secteurs. Et pour trouver une justification aux fermetures, ils créent des seuils, toujours artificiels, jouant sur la notion de sécurité pour faire peur aux patients, rendre le service répulsif pour mieux faire passer la fermeture », analyse Michel Anthony. C’est d’ailleurs le défi que va devoir mener l’hôpital de Guéret : Reconquérir son image. 

Alexandra Chaignon