Hôpital de Lannion (22)-Opération "sécurisation" de l'emprunt toxique
Hôpital de Lannion (22)
Opération «sécurisation»
Le centre hospitalier de Lannion l'assure: l'emprunt toxique souscrit n'a «aucune incidence à court et moyen termes sur les 80M€ de budget annuel de l'hôpital».
Le centre hospitalier de Lannion (22) a senti passer le vent du boulet. Et dit avoir pris des gages auprès de Dexia pour sécuriser, au moins jusqu'en 2013, ses 10 M€ d'emprunts toxiques.
«Pas une source d'inquiétude mais de vigilance supplémentaire». Pour Jean-Philippe Montagne, directeur financier du centre hospitalier Lannion-Trestel, l'emprunt toxique contracté juste avant la crise financière auprès de Dexia n'est pas synonyme de catastrophe budgétaire. Certes, son montant est relativement élevé -près de 10M€ sur vingt ans, soit un quart de l'encours de la dette totale de l'hôpital-; certes, le montant des pénalités en cas de volonté de solder les comptes est particulièrement dissuasif (7M€). Pour autant, cet emprunt exotique «est sécurisé», et ce «jusqu'en 2013» renseigne l'argentier.
«Épée de Damoclès»
«Quand nous avons signé le contrat en 2008, le taux d'intérêt variable était très intéressant car fixé à 2,78% les trois premières années. Et puis la crise financière est passée par là. En avril, nous avons donc revu les conditions avec la banque et obtenu un taux temporairement capé à4,95% contre 8% si nous n'étions pas intervenus. Cela nous permet d'avoir un taux proche des emprunts à taux fixes du marché», détaille Jean-PhilippeMontagne qui l'assure: l'emprunt toxique souscrit n'a «aucune incidence à court et moyen termes sur les 80M€ de budget annuel de l'hôpital». Bombe à retardement? «C'est une épée de Damoclès mais on compte bien la maîtriser», résume Jean-Philippe Montagne qui explique avoir encore la possibilité de resécuriser le prêt pour un laps de temps supplémentaire. Bail qui sera mis à profit pour juguler au maximum les effets pervers de cet emprunt sommetoute «pas très agréable à gérer». «Bien sûr que si c'était à refaire, on s'y prendrait autrement», glisse-t-il. «Mais quand Dexia nous a proposé ce produit, la banque nous avait assuré que le risque était nul. Et puis toutes les certitudes de l'époque sont tombées...». Défaut d'information? «Nous n'avions peut-être pas tous les éléments pour apprécier l'imprudence mais on a signé. On partage donc une part de la responsabilité». C'est la première fois que l'hôpital, «étiqueté comme endetté mais à la dette bien gérée, selon la chambre régionale des comptes», prenait un tel risque financier, assure Jean-Philippe Montagne. Lequel souligne que l'établissement, longtemps en déficit, a régulièrement recours aux emprunts à taux variable pour financer son activité. Une stratégie qui, «au prix d'une gestion un peu plus risquée qu'en bon père de famille», lui permet d'économiser «300.000 € par an. Nous ne sommes pas là pour gaspiller l'argent du contribuable».
Arnaud Morvan