Intervention d'Alexis ANTOINE des Molex au 49ème Congrès CGT
Intervention d’Alexis ANTOINE des Molex (Villemur-Tarn) au 49ème congrès de la CGT. La prise de parole en soutien aux « Conti » n’a pas du tout plu à sa fédération !
Le système capitaliste traverse une crise d’une ampleur sans précèdent.
Une crise avant tout économique et sociale plutôt que strictement financière.
Une crise qui jette plusieurs centaines de milliers de travailleurs à la rue.
Les entreprises privées sont attaquées par la finance sous couvert de la crise du CAC 40 pendant que les services publics sont eux démantelés par un gouvernement ultra-libéral.
Et quand ce gouvernement se fait l’avocat de la finance pour liquider le privé, je suis bien placé en tant que salarié de Molex pour constater le résultat…
Effectivement, le cas Molex est un cas d’école comme nous l’a rappelé plusieurs fois notre secrétaire général Bernard Thibault.
Mais ce cas d’école, c’est malheureusement et effectivement ce à quoi est aujourd’hui confronté un bon nombre de travailleurs et de syndiqués CGT. Des méthodes de patron voyou, le non respect des décisions de justice, une répression anti-syndicale systématique comme celle que subissent nos collègues de chez EDF et ERDF en France et à Toulouse, ou comme chez les Freescale de Toulouse où les patrons se sont octroyé en plus les services et la complaisance de la Préfecture ainsi que des forces de l’ordre pour expulser à plusieurs reprises les grévistes et les salariés en lutte !
Mais quand le patronat bafoue 4 décisions de justice comme ce fut le cas chez nous à Villemur/Tarn, quand des patrons voyous décident de séquestrer les salariés en les empêchant de vouloir travailler et de rentrer dans leur usine malgré une ordonnance du juge, pas de traces des forces de l’ordre pour expulser la milice privé des dirigeants de Molex, pas de traces du moindre respect de la loi !
Face à toutes ces attaques intolérables, et face à toutes ces luttes pour le maintien de nos emplois qui sont menées partout en France, les syndiqués, les militants et les sympathisants CGT sont très souvent en première ligne et sont systématiquement pris pour cible par le patronat.
Et quand ce n’est pas le patronat, c’est l’état qui prend le relais pour essayer de museler ceux qui luttent, comme nos 6 camarades de Continental à Clairoix qui sont traînés arbitrairement devant les tribunaux, un jugement qui remet en cause des lois abrogées et liberticides.
Et en parlant des mes collègues Cégétistes de Continental, je tiens a dire aujourd’hui au 49eme congrès de la CGT, que le jugement dont les 6 salariés de Continental sont victimes est totalement inacceptable et intolérable.
Le gouvernement veut faire payer cher et prendre pour exemple ceux qui se sont battus comme ils ont pu, face à une violence patronale sans précédent !
Et a ce titre, j’invite tout mes camarades ici présent à se rendre à Amiens le 13 janvier pour soutenir les 6 salariés de Continental lors du procès en appel d’un jugement que même le syndicat de la magistrature et la ligue des droits de l’homme dénoncent, que tous les partis politiques de gauche soutiennent, et qu’aujourd’hui, seule les confédérations syndicales ne se sont pas exprimées pour dénoncer un jugement liberticide qui porterait un coup de plus à la lutte des salariés. Au-delà des jugements de valeur que certains se complaisent à rétorquer sur des actes que la violence des effets de la crise capitaliste engendre !
Cette violence que j’ai également connu en tant que salarié de Molex, la violence du licenciement orchestrée par des patrons voyous qui ne respectent rien ni personne, avec l’aval et la complicité d’un gouvernement qui n’a aucunement la réelle volonté d’intervenir, bien au contraire !
Tous ces hommes, tous ces travailleurs, tous ceux qui luttent et se battent, et tout ceux qui vont se battre - car le massacre est loin d’être terminé aujourd’hui dans notre pays- ; nous tous, nous avons besoin aujourd’hui de l’aide et du soutien inconditionnel de toute la CGT, et je le répète, au delà de jugement de valeur.
Il faut rompre avec les critiques faciles sur le comportement ou les actes entrepris de ceux qui se battent au quotidien et qui gèrent comme ils le peuvent des luttes face à un patronat aux pouvoirs presque sans limites.
J’ai pu entendre lors du discours d’ouverture de B.Thibault des termes tels que : « un syndicalisme solidaire ».
Alors oui la CGT se doit aujourd’hui de soutenir tous les salariés en lutte, et surtout sans conditions ou critique facile. Les réalités du terrain sont violentes !
Nous avons besoin d’une CGT forte et efficace qui se bat aux cotés de ses militants.
Mais j’ai l’impression parfois de faire parti d’une énorme machine où la bureaucratie gangrène son fonctionnement et son efficacité sur le terrain là où les batailles se mènent !
Les textes d’orientation parlent de construire un « rapport de forces permettant de gagner de nouveaux droits pour intervenir dans la gestion des entreprises, créer de nouveau lieux de dialogue social et de négociations pour que vive démocratie et progrès social ».
Mais l’exemple de Molex là aussi nous aura démontré que les droits existants ne sont de toute manière pas respectés par le patronat. Ne pourrait-on pas commencer à se battre pour faire déjà respecter les droits existants ?
Alors oui il faut remettre en question le pouvoir patronal, leur pouvoir de licencier, leur pouvoir d’exploiter les salariés. Leur pouvoir de détruire la vie des gens, tout simplement parce qu’il n’y a que la croissance perpétuelle et exponentielle de leurs profits qui compte !
B.Thibault a fait savoir à Sarkozy que l’on ne roule pas la CGT dans la farine. C’est très bien mais dans le conflit Molex, je me demande si ça n’a pas été le cas…
Pourquoi avons-nous perdu une bataille chez Molex malgré toute l’énergie des militants CGT, des salariés, malgré une lutte que tout le monde a qualifié d’exemplaire ?
Tout simplement parce que nous n’avons pas réussi à créer un rapport de forces suffisant face à la toute puissante machine infernale capitaliste, et malgré un soutien inconditionnel de la CGT.
Pour ma part, je pense que l’échec de la lutte des salariés de Molex nous montre les limites d’efficacité de nos batailles isolées sur le terrain.
Tout cela nous démontre qu’il est grand temps d’agir au plus vite.
C’est pour cela que la CGT doit mettre tout en œuvre pour créer le rapport de force nécessaire et efficace contre les méthodes de patron voyou et de celles du gouvernement afin de sauvegarder nos emplois et de ceux des générations futures.
Globalement, le texte d’orientation n’aborde pas le sujet sur les possibilités et les moyens d’obtenir satisfaction.
Et pourtant, nous savons tous, par les enseignements des batailles précédentes qui ont été menées, qu’un des outils les plus efficaces est celui de la nécessité de fédérer les luttes. La convergence de tous les combats qui sont menés par les syndiqués CGT dans le public et le privé serait une force sans précédent pour combattre les méfaits induits de notre économie capitaliste. Et je suis convaincu que la CGT est capable de construire se rapport de forces. Tout est une question de volonté.
Et nous savons tous également, et là encore par les enseignements des batailles précédentes, que c’est dans la durée que ce rapport de forces doit se construire. A l’image de nos confrères de Guadeloupe qui ont paralysé l’économie locale pour obtenir de réelles avancées dans leurs revendications (mêmes si les problèmes sont loin d’être réglés là bas !)
Dans la période actuelle, les travailleurs ont plus que jamais besoin d’une CGT puissante, engagée avec détermination dans la lutte pour la défense de leurs salaires, de leurs droits et de leurs conditions de travail.
Oui il faut une transformation économique et sociale profonde !
Cela signifie donc s’en prendre directement à l’organisation économique et à ceux qui la dirigent.
Oui la CGT doit se battre contre le capitalisme et non pas l’accompagner !
La course au profit va mettre à mort socialement des régions entières et des millions de travailleurs et leurs familles.
Le capitalisme détruit notre tissu industriel, le libéralisme sans limite du gouvernement s’en donne à cœur joie dans le service public.
Subissant le principe de la double peine, la classe ouvrière déjà exploitée, va payer le prix fort de cette logique.
La CGT doit maintenant prendre ses responsabilités et doit agir en profondeur et rapidement pour en finir avec toute cette violence que tous les travailleurs subissent de plein fouet.
Il nous faut un syndicalisme à l’écoute et qui réponde rapidement aux attentes des bases qui ont un besoin urgent d’efficacité dans la construction d’un rapport de force.
Les travailleurs attendent maintenant des réponses à la crise, des solutions, un syndicalisme « efficace » et « actif » de rupture avec les logiques capitalistes.
Source : Xavier MATHIEU