L'incendie dans une maison de retraite en Charente provoque la mort de trois résidents
Un mégot de cigarette mal éteint serait à l'origine du sinistre qui s'est déclaré au sein de la maison de retraite Les Flots à La Rochefoucauld, vendredi matin

Trois personnes décédées. Tel est le sinistre bilan dressé, vendredi soir, à la suite de l'incendie qui s'est déclaré au cours de la nuit précédente dans la maison de retraite de l'hôpital de La Rochefoucauld, où étaient hébergés 81 pensionnaires.
Jean Cannelis, âgé de 82 ans, a péri, brûlé et asphyxié, dans la chambre d'où est parti le sinistre, et Rémy Thonnus, 70 ans, a été retrouvé dans le couloir, vraisemblablement asphyxié par les fumées. Enfin, Eva Geisebill, âgée de 87 ans, avait fait un malaise cardio-respiratoire, lors de l'évacuation du bâtiment. Transportée dans un état très sérieux à l'hôpital de Girac à Angoulême, elle n'a finalement pas survécu.
11 autres personnes ont été blessées ou incommodées par les fumées et également transportées vers l'hôpital angoumoisin.
La piste du mégot
Le drame s'est déroulé aux alentours de 2 h 30. Ce sont deux aides médico-psychologiques (AMP) qui ont donné l'alerte (lire ci-dessous). Les pompiers sont arrivés vingt minutes plus tard. Au total, 70 sapeurs, venus d'une douzaine de centres de secours, ont participé à l'intervention.
«Le bilan aurait pu être plus lourd, soufflait le lieutenant- colonel Michel Muraro, qui dirigeait les opérations. Fort heureusement, les systèmes de sécurité (détection, désenfumage, portes coupe-feu) ont bien fonctionné.»
De fait, le feu a été circonscrit à une chambre et seule une partie restreinte du bâtiment - 20 chambres - a été touchée par les fumées.
« D'autre part, le personnel a parfaitement bien réagi », poursuivait le lieutenant-colonel Muraro. Un personnel qui avait commencé à évacuer les personnes âgées avant l'arrivée des secours. Les deux AMP ayant rapidement reçu le renfort de leurs collègues d'autres services hospitaliers.
Le procureur de la République, Nicolas Jacquet, restait, hier soir, prudent sur les origines du sinistre : « L'hypothèse accidentelle évoquée, une cigarette mal éteinte, est compatible avec les premières constatations de l'expert », indiquait-il (1). Cette version du mégot mal éteint était, dès la matinée, évoquée au sein de la maison de retraite.
« Cela fait longtemps que l'on abordait cette question de la cigarette, notamment en matière de sécurité, à propos de M. Cannelis, qui fumait beaucoup », témoignait Jean-Michel Bardoulat, aide-soignant au sein du service. Cette question était toujours restée en suspens puisque le résident fumait dans sa chambre.
« Au regard du droit, c'est un espace privé pour les résidents. Il est donc impossible de leur interdire d'y fumer », rappelait Roselyne Bachelot, la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, venue sur place, hier après-midi.
(1) Les conclusions définitives seront rendues la semaine prochaine.
Roselyne Rautureau et Agnès Pressigout ont été les premières à intervenir.
Fatiguées, épuisées, la voix cassée tant par l'émotion que par la fumée qu'elles avaient respirée pendant leur intervention, Roselyne Rautureau et Agnès Pressigout avait bien du mal à réaliser tout ce qui leur était arrivé, lors de cette journée bien particulière et à véritablement goûter les marques de félicitations et d'amitié qui leur étaient prodiguées.
De garde dans la nuit de jeudi à vendredi, les deux aides médico-psychologiques ont été en première ligne dès le début de l'incendie. « J'étais dans le bureau, Agnès dans la cuisine. Lorsque l'alarme s'est déclenchée, j'ai regardé le tableau et j'ai vu que cela se passait dans la chambre 19. Je m'y suis rendue et j'ai aperçu de la fumée qui en sortait. J'ai dit à Agnès d'appeler les secours », résumait Roselyne.
Pendant ce temps, elle pénètre tout de même dans la chambre de Jean Cannalis : « Il était allongé par terre, il y avait des flammes sur lui », poursuivait-elle. Elle se rend, alors, à la lingerie pour prendre un drap, le mouille, et retourne à la chambre, bientôt suivie par Agnès. « Mais, il y avait à ce moment-là trop de fumée dans la chambre. Je ne pouvais plus y rester », lâchait Roselyne. « C'était devenu dangereux pour nous. Nous ne pouvions plus rien faire pour lui. Et nous en avions 80 autres à sauver. Il fallait absolument les sortir », appuyait Agnès.
Elles ne se sont pas aperçu que Rémy Thonnus gisait à terre dans le couloir, « Encore une fois, il y avait beaucoup de fumée. Et puis nous devions nous occuper en priorité d'autres personnes qui étaient moins alertes que lui. » Il serait mal venu de leur en faire grief, tant leur courage et leur présence d'esprit a certainement permis d'éviter que le bilan soit encore plus lourd. Mais ni l'une ni l'autre n'en tirait de gloire particulière. « Je ne sais pas si nous avons agi par instinct ou autre chose. Nous l'avons fait, c'est tout », confiait Roselyne, embrassée comme du bon pain par l'autre Roselyne (Bachelot) lors de sa visite. La ministre félicitant à tour de bras les deux femmes, « je suis fière de vous », comme l'ensemble du personnel pour son attitude.
« Ici, les gens suivent régulièrement des formations à la sécurité. Elles ont su appliquer ce qu'elles avaient appris », se félicitait, de son côté, Flore Vimpène, le cadre du secteur de Roselyne et d'Agnès. Quant aux deux femmes, elles ne pouvaient s'empêcher de penser aux deux hommes et n'avaient qu'une envie, aller se reposer. Tout en redoutant le contrecoup, dans les jours à venir.
Didier FAUCARD
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- source: sudouest.fr (samedi 19 novembre 2011)
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