La CGT croit à un sursaut le 24 juin (Bernard THIBAULT)
Bernard Thibault : « Le premier corps électoral est celui des salariés. »
Archives Jean-Yves Desfoux
Trois questions à...Bernard Thibault, Secrétaire général de la CGT.
Vous devez peu apprécier que le gouvernement décline sa réforme des retraites en passant par-dessus la tête des syndicats ?
Le pouvoir entend montrer « son courage » en ne cédant pas aux syndicats, mais il est moins serein qu'il ne veut le laisser croire. Sinon, ça fait longtemps que tout serait bouclé. Il n'aurait pas conçu un calendrier essentiellement destiné à nous compliquer la tâche, en attendant au maximum que le contexte de l'économie et de l'emploi s'améliore.
La réforme ne passera pas comme une lettre à la poste, pas plus en France qu'ailleurs. Le 24 juin s'annonce mieux que le 27 mai. Nous attendons un sursaut, une réaction forte avant le départ en vacances. À nous de montrer que la résignation n'est pas inéluctable.
Le pouvoir ne semble pourtant pas trop inquiet ?
On sait d'expérience en Europe que les décisions sur les retraites peuvent être très lourdes à porter sur le plan électoral. Ce ne sont pas les agences de notation qui votent le moment venu. Le premier corps électoral est celui des salariés. Qui montre aujourd'hui très majoritairement (70 % dans un sondage) qu'il trouve la réforme très injuste ; ça ne risque pas de s'améliorer.
Après les retraites, il y aura d'autres mesures, sans doute cet hiver, pour aligner la France sur la rigueur de Mme Merkel.
Le 15 juin, vous serez fixé sur le contenu de la réforme ?
Peut-être. Il n'est pas sûr que tout soit dans le texte du projet de loi. Beaucoup de dispositions peuvent s'insérer dans la loi de financement de la Sécu (PLFSS). Ou intervenir par décrets.*
Recueilli par Paul BUREL.
Source ; ouestfrance.fr (samedi 12 juin 2010)