Le CHU de Créteil (94) défend son service de cardiologie
santé
La fermeture du service de cardiochirurgie de l’hôpital de Créteil a soulevé un élan de colère. Hier, la communauté hospitalo-universitaire, les personnels et les syndicats, soutenus par les élus,dénonçaient une «décision arbitraire».
Près de 400 élus et personnels de santé ont manifesté, hier, devant le centre hospitalier universitaire (CHU) Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne) pour protester contre la fermeture annoncée du service de chirurgie cardiaque. Une annonce faite le 26 janvier dernier par l’agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France. « Compte tenu des volumes d’activité des centres de chirurgie cardiaque de l’AP-HP, l’arrêt de l’activité du site de Mondor semble s’imposer », expliquait ainsi Claude évin, son directeur, s’appuyant sur la restructuration de cette discipline en région parisienne. Une décision « incompréhensible », d’autant qu’elle n’est pas « justifiée », dénoncent l’intersyndicale (CGT, SUD santé, CFDT), mais aussi la communauté médicale, le personnel et les élus, arguments à l’appui : avec 576 interventions en 2010, le service de chirurgie cardiaque se situe largement au-dessus du seuil réglementaire des 400 actes annuels. « On a toujours rempli notre quota d’activité, qui est identique à celui du CHU de Montpellier. Et pourtant, on ne parle pas de le fermer », raille le professeur Jean-Paul Couetil, chef du service de chirurgie cardiaque. Et de préciser que « l’activité du service a augmenté de 30 % en six mois ». « Mondor a le plus gros pôle cardio-vasculaire d’Île-de-France », renchérit le professeur Emmanuel Teiger, responsable de la cardiologie interventionnelle.
une activité indispensable
Comme ses collègues, Jean-Paul Couetil souligne l’importance de cette activité, indispensable au développement des autres activités cardiologiques du site. « Fermer la cardiochirurgie, c’est amputer la cardiologie et d’autres activités transversales, comme la réanimation », explique-t-il. « C’est la première pierre de déstructuration de l’hôpital », craint Jean-Pierre Becquemin, responsable de la cardiologie vasculaire. « C’est aussi toute la question de l’offre de soins sur ce territoire du Sud-Est parisien qui est posée », souligne pour sa part Laurent Cathala, député maire PS de Créteil, rappelant que l’établissement couvre un bassin de 1,5 million de personnes. Présidente de l’université Paris-Est, Simone Bonnafous fustige une décision qui menace « la coopération entre le CHU et les médecins-chercheurs de son université ». Cette décision « autoritaire » et « brutale », « sans concertation ni méthodologie » « ne tient pas compte de la stratégie » des deux entités. « On est face à une absence de démocratie sanitaire », résume Alexis Bronnes, de la coordination santé CGT d’Île-de-France.
Face à cet élan de protestation, l’ARS a réagi, en expliquant que « l’arrêt de la chirurgie cardiaque (…) ne remet absolument pas en cause le maintien sur ce site d’une importante activité de cardiologie interventionnelle ». Comme l’a résumé Fabien Cohen, responsable du secteur santé au PCF, « le bras de fer est engagé avec l’ARS, mais les jeux ne sont pas faits ».
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la cardiologie est un secteur qui rapporte à l’hôpital. En effet, le pôle de cardiologie du CHU Henri-Mondor a généré, en 2010, 3,6 millions d’euros d’excédent, ce qui explique en partie le fait que l’établissement affiche l’un des plus faibles déficits de l’Assistance publique. La fermeture annoncée du service de chirurgie cardiaque est, selon Ariane Mallat, responsable de la communauté médicale de l’hôpital, une « technique perverse, car nous avons désormais une obligation d’équilibre financier. La recette du pôle cardiologie représente 20 % des recettes de l’établissement, c’est une activité bénéficiaire. Or si on n’est plus à l’équilibre, on nous retirera des emplois et des moyens. C’est une spirale infernale ».
source: humanite.fr (vendredi 11 février 2011)