Le Congrès de la CES ou l'accompagnement de la crise

Publié le par sphab/cgt & associés

Le Congrès de la Confédération Européenne des Syndicats ou l'accompagnement de la crise


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Le congrès de la CES se tient à Athènes du 16 au 19 mai.

La CES représente une incontestable force en Europe même si John Monks, le secrétaire général sortant doit admettre une réduction des effectifs particulièrement en Allemagne et en Grande-Bretagne comme en Italie. Et donc des difficultés.

Toute la question est de savoir à quoi sert cette force, quels intérêts elle défend et donc à la fois quels sont ses actes et quelles sont ses orientations.

Mais aussi comment elle fonctionne, ce qui renvoie à la question de la démocratie ; nous y reviendrons !

Et s’il existe, en Europe aussi, une alternative syndicale aux orientations de la CES.

 

Bilan

 

En matière de bilan, on peut certes constater que la CES organise des journées de manifestations européennes une ou deux fois l’an, mais quant à organiser les luttes communes quand elle se développent dans plusieurs pays, on n’y pense même pas.

Par exemple, en 2003, alors que les luttes faisaient rage en Europe contre, déjà, les plans de casse des retraites, le congrès de la CES était occupée à valider le TCE présenté par Giscard en personne.

En 2010, alors que les peuples se lèvent dans de nombreux pays, la CES est à nouveau aux abonnés absents pour coordonner et impulser.

 

Pas question non plus d’appeler à la coordination et à l’extension des luttes lorsque des peuples d’Europe se révoltent contre les politiques drastiques d’austérité qui leur sont imposées au nom de la dette des Etats comme on l’a vu dans le cas de la Grèce qui a connu depuis le début de 2011 pas moins de 5 grèves générales !

 

C’est que comme l’explique J. Monks dans le mensuel de la CGT "ensemble" du mois de mai : « En tant qu’organisation syndicale, nous agissons dans les marges qui nous sont octroyées. Nous nous exprimons auprès des instances européennes lorsqu’on nous demande notre avis et y trouvons parfois un certain écho. ».

 

On le voit les dirigeants de la CES ne comptent pas d’abord sur les luttes et le rapport de force avec le patronat et les états à leur service.

 

S’ils déplorent les politiques d’austérité mises en œuvre en Europe et les reculs sociaux imposés c’est à un lobby (à l’instar des lobbys patronaux) qu’ils réduisent l’organisation, très respectueux du "cadre octroyé".


C’est-à-dire du capitalisme et de sa crise qu’ils entendent sauver.

 

Mais dans ce cas où est l’indépendance d’action et de réflexion des travailleurs et de la classe ouvrière ?


Où sont les appels à la mobilisation et à la révolte face à une agression sans précédent depuis la Libération ?


Ne s’agit-il pas en fait de détourner la colère populaire et de semer des illusions, au final catastrophiques pour les travailleurs. Car dans la pratique, la CES n’a eu de cesse que de soutenir toutes les mesures les plus anti-sociales et anti-démocratiques impulsées par une UE au service exclusif des grands groupes capitalistes européens : attaques permanentes contre les services publics et pour la « libéralisation » de tous les secteurs économiques, des transports à l’énergie en passant par la Santé et l’Education ; attaques contre les retraites, la Sécu et les systèmes solidaires et promotion des systèmes d’assurances privées ; attaques contre les souverainetés populaires par la mise en place d’institutions supranationales à l’abri des peuples (Banque centrale européenne « indépendante » des peuples mais directement branchée sur les grandes compagnies financières, Commission de Bruxelles et toute son administration, Cour de Justice de la Haye… le parlement européen élu n’ayant qu’un rôle de façade démocratique)… C’est ainsi que la CES a ardemment soutenu le TCE en 2005, et qu’elle s’est ensuite réjouie de l’adoption contre la volonté populaire, dûment exprimée en France, en Irlande et aux Pays-Bas,  de la Constitution-bis connue sous le nom de Traité de Lisbonne.

 

Concernant les retraites, la CES a toujours soutenu l’accord de Barcelone de 2002, signé pour la France par Chirac et Jospin, prévoyant le recul de l’âge de la retraite dans toute l’UE. La seule réserve émise par le conseiller sur les pensions à la CES, Henri Lourdelle, est qu’il faut trouver les moyens de mettre les vieux effectivement au boulot : «  Relever l’âge de la retraite implique que les personnes de plus de 60 ans puissent travailler, ce qui n’est pas le cas pour le moment dans la plupart des pays européens ».  

 

C’est tout cela que nous appelons une politique d’accompagnent du capitalisme et de sa crise !

 

Démocratie

 

Les travailleurs d’Europe seront ravis d’apprendre le 13 mai, donc AVANT même que se tienne le congrès que "Lors du 12e congrès de la Confédération européenne des syndicats, Bernadette Ségol a été élue secrétaire générale de l’organisation" ainsi que l’indique le site EurActiv.fr !!!!!!!!!!!!

Comportement exemplaire de démocratie s’il en est !

Les travailleurs français, les militants de la CGT, de la CFDT, de l’UNSA, de FO (syndicats français adhérents à la CES)  seront littéralement soulevés de joie, d’enthousiasme et de fierté en apprenant que c’est une française qui est portée à la tête du syndicalisme européen !


Dans les conditions que l’on vient de voir !

 

Et que dit la presse autorisée de cette militante connue (vous avez dit qui ? Euh Bernadette Ségol) dans toute la France pour son soutien indéfectible aux luttes, sa présence incontournable sur les piquets de grève et son soutien sans faille aux mobilisations ?????

 

"Après deux mandats successifs, John Monks tire sa révérence. Le secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats (CES), laisse sa place à une Française de 61ans, peu connue dans l’Hexagone, Bernadette Ségol.


Son combat syndicaliste a été intégralement mené depuis Bruxelles, où elle arriva en 1974 à la fin de ses études de philosophie. Après un passage à la Fédération internationale des travailleurs du textile, elle devient, en 1985, la secrétaire générale de la Fédération internationale des employés et des cadres (Euro-FIET).


En 2000, elle prend la tête du syndicat européen des services, UNI Europa et sera en première ligne dans le combat contre la directive Bolkestein. Elle a cependant appelé à voter oui lors du référendum sur la Constitution en 2005. "


On peut donc compter sur son lobbying bruxellois … et pour les luttes il vaudra mieux aller voir ailleurs !

 

110521-FSC-poster sur CONGRES CESLa CES n'est pas bienvenue-Travailleurs d'Europe "soulevez-vous !" - PAME 

 

La FSM 

 

Car contrairement au silence organisé par les directions confédérales une alternative syndicale au syndicalisme européen d’accompagnement existe bel et bien !


La FSM vient précisément de tenir son congrès (début avril) à… Athènes.


Avec plus de 800 délégués représentant 80 millions d’adhérents, la FSM qui était considérée comme marginalisée voire moribonde après l’effondrement des pays socialistes connaît depuis 2005 une véritable renaissance.


La FSM ne fonde pas son action sur les illusions du "dialogue social" mais sur l’organisation et le développement des luttes.


C’est pourquoi le Front Syndical de Classe continuera à faire connaître en France les initiatives de la FSM et interpellera les directions confédérales sur leur orientation d’accompagnement du système en France comme au plan européen et international.

 

 


Le Front Syndical de Classe

 

Dimanche 15 mai 2011


 

Pour une appréciation plus générale sur la CES se reporter au document "Qu’est-ce que la CES" et le document sur le syndicalisme international.

Adresses :

http://www.frontsyndical-classe.org/article-qu-est-ce-que-la-ces-64131568.html

http://www.frontsyndical-classe.org/article-dossier-syndicalisme-international-accompagnement-ou-lutte-des-classes-66576524.html

 



 

Publié dans Actualité européenne

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