Les « Conti » soulagés
Les « Conti » soulagés
En appel, les six ouvriers de l’usine de Clairoix dans l’Oise, condamnés en instance à de la prison avec sursis, ont écopé de simples amendes. Ils espèrent que l’État en restera là.
Xavier Mathieu, leader des Conti, n’a pas retenu ses larmes dans les bras de son avocate après avoir compris le verdict de la cour d’appel d’Amiens. Hier, aux environs de 9 heures, la cour a rendu son arrêt : reconnus coupables du délit de « dégradation de biens destinés à l’utilité publique », les six prévenus n’auront pas de peine de prison, mais des amendes allant de 4 000 à 2 000 euros. En première instance, ils avaient été condamnés à des peines allant de deux à cinq mois de prison avec sursis après un coup de colère à la sous-préfecture de Compiègne. Le 21 avril 2009, les Conti avaient chamboulé les locaux de la sous-préfecture de Compiègne après la décision du tribunal de grande instance de Sarreguemines (Moselle) de ne pas annuler le plan de fermeture de leur usine.
À la sortie du tribunal, le délégué CGT Xavier Mathieu est donc sorti le poing levé du palais de justice, acclamé par une bonne centaine d’ouvriers et de manifestants. « Aujourd’hui on a quasiment obtenu ce qu’on était venu chercher, a-t-il déclaré à la presse. On considère ça comme une relaxe, on est heureux, soulagés. C’est la fierté de la classe ouvrière, qui a été relaxée. » De son côté, l’avocate des Conti, Me Marie-Laure Dufresne- Castets, chaleureusement ovationnée, a dénoncé un « véritable procès politique ».
D’Olivier Besancenot (NPA) à Arlette Laguiller (LO), en passant par le chef de file régional du Front de gauche, Thierry Aury, la gauche était présente. Tous ont salué la décision de la cour d’appel d’Amiens, qui témoigne que « la lutte paie ». Dans un communiqué de presse, Marie-George Buffet (PCF) a soulevé qu’il était « dommage que la relaxe soit possible pour le patron de Total dans le dossier AZF et qu’elle ne le soit pas pour les syndicalistes ».
La balle est maintenant dans le camp du gouvernement. L’État peut encore demander des dommages et intérêts pour les dégâts causés à la sous-préfecture. Le montant pourrait être plus important que les amendes prononcées hier. Face à cette ultime menace, Xavier Mathieu a lancé : « Qu’on nous foute la paix maintenant et que le gouvernement n’insiste pas. »
Les ouvriers de l’usine de Clairoix ont d’autres projets : « Nous allons soutenir, dans leur lutte, nos autres camarades qui sont victimes de ses patrons voyous, a promis le leader des Conti. Aujourd’hui les salariés de l’usine Goodyear sont là pour saluer cette victoire. Demain nous serons à leurs côtés pour garder leur usine debout. »
Clotilde Mathieu
Article publié le samedi 6 février 2010 sur le site www.humanite.fr/