Les neiges du Kilimanjaro

Publié le par sphab/cgt & associés

 

 

Les neiges du Kilimanjaro

film français de ROBERT GUÉDIGUIAN (2011 - 1h30)
avec ARIANE ASCARIDE ET JEAN-PIERRE DARROUSSIN
SÉLECTION OFFICIELLE - UN CERTAIN REGARD - CANNES 2011

Bien qu’ayant perdu son travail, Michel vit heureux avec Marie-Claire. Ces deux-là s’aiment depuis trente ans. Leurs enfants et leurs petits-enfants les comblent, ils ont des amis très proches et ils sont fiers de leurs combats syndicaux et politiques…

Ce bonheur va voler en éclats avec leur portefenêtre devant deux malfrats qui les frappent, les attachent, leur arrachent leurs alliances, et s’enfuient avec leurs cartes de crédit…

 

 

 

 

 

Une fois de plus, la lutte des classes est au cœur de ce film d’apparence mélancolique. Mais, vu l’engagement du réalisateur, les apparences sont trompeuses.

 

Extraits de son entretien au quotidien l’Humanité :


Q: Moins la disparition de la classe ouvrière, votre film ne pose-t-il pas plutôt la question du devenir de la conscience de classe ?


Robert Guédiguian. La classe ouvrière, en tant que telle, n’a pas disparu, même si le travail a disparu ou changé de nature, en particulier dans l’industrie.

 

Si l’on regarde du côté des salariés de France Télécom par exemple, ils ont des payes de smicards mais ils n’en ont pas le « look ». Ils sont en costume, ne travaillent pas en plein air et sont harcelés au travail.


Beaucoup de gens se sont prolétarisés, des millions d’employés par exemple, que je ne montre pas, mais qui sont du côté des « pauvres gens » du poème de Victor Hugo. (…)

Donc je pose la question : comme il existait une conscience de la classe ouvrière, peut-il exister une conscience des pauvres gens, au sens de la fierté d’être ouvrier ? Qu’en est-il pour un employé, qui se sent presque comme un cadre ?


Q: Qu’est-ce qui, au fond, annime ces deux figures de Michel et Marie-Claire ?


Robert Guédiguian. Ce sont des gens qui se sont toujours battus collectivement et, je crois que,  par-delà la fin du film, ils vont continuer à se poser des questions sur la transmission : comment fait-on pour que les nouvelles générations prennent le relais.


C’est un geste de fiction, mais je crois qu’ils vont énormément se soucier des jeunes gens autour d’eux. Ce fil s’est interrompu. Ils étaient accaparés toutes ces années par le souci que les choses se détricotent moins vite, reculent moins vite?; une fonction de frein plutôt qu’une force de proposition : se battre sans arrêt du côté du maintien de ce qui a été arraché.


Tout ce temps ne pouvait être consacré à raconter comment tout cela a été conquis par ceux-là mêmes qui n’en bénéficient pas et sans qui on ne gagnera pas. C’est une des grandes questions d’aujourd’hui?: ramener à la politique des gens foncièrement convaincus qu’elle ne sert à rien. (…)


Q: Comment vous êtes-vous posé cette question de la transmission ?


Robert Guédiguian. Je pars toujours de moi. Évidemment, je ne me posais pas cette question il y a vingt ans. J’y suis confronté en particulier au travers de mes filles et ce qu’elles me racontent.

Je sais très bien que les manifestations des Indignés, un peu partout sur la planète, ne supportent pas l’idée d’organisation. Je suis obligé de me demander pourquoi.

Une question qui existe est forcément posée. Pourquoi ne veulent-ils entendre parler ni de partis ni de syndicats ? (…).

 

Si vous n'avez pas vu Les neiges du Kilimandjaro, courrez le voir ; pas sûr que vous ne voyez ce film un jour à la télévision !

Publié dans Mémoire- Histoire

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