Noyal-Pontivy (56)- Une procédure de sauvegarde de la polyclinique
Archives Ouest-France
La Polyclinique est confrontée à des difficultés financières depuis son transfert à Kério. Ses charges ont augmenté,mais pas son activité, car elle n'a pas pu recruter comme elle l'espérait.
Point de départ
La polyclinique de Pontivy était située rue Bizet jusqu'en décembre dernier. Depuis, elle a déménagé vers Kério, en Noyal-Pontivy, dans un bâtiment ultramoderne de 9 000 m2, aux normes HQE, haute qualité environnementale. Un investissement de 19 millions d'euros rendu possible par le plan Hôpital 2007, qui prévoit un regroupement avec le centre hospitalier sur le même site.
Crise de croissance
La polyclinique prévoyait une croissance d'activité de « 20 % sur quatre ans, entre 2008 et 2012 ». C'est ce qui était annoncé au moment de l'ouverture à Kério. Mais ce n'est pas encore le cas. Elle est en effet confrontée à un double problème. D'une part : ce que les spécialistes appellent des « fuites » vers des établissements situés en périphérie du secteur de santé. En clair : des gens qui vont se faire soigner à Lorient, Vannes, Saint-Brieuc. D'autre part : la question de la démographie médicale.
Recrutements difficiles
La démographie médicale, ce n'est pas un phénomène nouveau, mais ça ne s'arrange pas. Un médecin ou chirurgien libéral préfère s'installer à Vannes, Lorient ou Saint-Brieuc qu'à Pontivy. La polyclinique compte quarante praticiens. « Il nous faudrait trois chirurgiens de plus », estime Jean-Paul Debroux, le directeur. Cela permettrait d'augmenter son activité dans des spécialités qui existent déjà, et donc ses recettes.
Charges supérieures
Dans le même temps, l'établissement doit faire face à une hausse de ses charges. D'abord il est « 50 % plus grand » que l'ancien. Des équipements sont prévus en commun avec le futur hôpital, mais celui-ci n'ouvrira pas avant un an. En attendant, « on paie seuls la chaufferie », souligne le directeur. Même chose pour la stérilisation, par exemple.
Tarification pénalisante
D'autres facteurs entrent en ligne de compte. C'est le cas en particulier de l'évolution des tarifs dictée par le ministère de la Santé. Le directeur affirme que la polyclinique « a perdu 500 000 €, rien que par le jeu de la tarification à l'acte ». S'ajoute à cela le fait que l'ancien bâtiment de la rue Bizet n'a pas encore trouvé preneur.
Mesure technique
La polyclinique est donc confrontée à une mauvaise passe financière. Face à ce constat, « un plan de sauvegarde a été mis en place par le tribunal de commerce », explique M. Debroux. Ce dispositif permet de « stopper une partie du passif ». C'est-à-dire : étaler dans le temps la dette de l'entreprise. Mais, « ce n'est pas une cessation de paiement », souligne-t-il.
Anticipation
Le plan de sauvegarde a été prononcé le 24 septembre. Il a été annoncé jeudi dernier au personnel, « pour le rassurer ». Il court sur six mois, renouvelables deux fois. Cette période doit permettre à la polyclinique de trouver des solutions pour se redresser. « Anticiper c'est prévoir. Ce n'est pas une catastrophe. L'offre de soins est maintenue », fait remarquer le directeur.
Claude LEMERCIER.
Source : ouestfrance.fr (mardi 5 octobre 2010)