Pas assez d'aides-soignants pour le 3e âge
Pas assez
d'aides-soignants
pour le 3e âge
La maison de retraite, située dans les Côtes-d'Armor, est flambant n euve. Mais le personnel y fait des kilomètres, au détriment des soins aux résidants. Les familles en regrettent presque l'ancien bâtiment.
Un bâtiment flambant neuf, des chambres individuelles et des bardages boisés aux tons chauds. Et la chaleur humaine dans tout cela ? « Cet Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) est superbe et dernier cri. C'est pourtant un désert médical. À la limite, c'était mieux avant!" se plaint Claudie Badeau, fille de Pau lette, une résidante de 78 ans. Ouvert depuis mi-décembre à Minihy-Tréguier (Côtes-d'Armor), l'Ehpad Pierre- Yvon-Trémel accueille 162 personnes âgées (douze de plus que dans l'ancien bâtiment) et a coûté environ 23,5 millions.
« Sentiment d'isolement»
« Le personnel fait ce qu'il peut mais ils ne sont pas assez nombreux. Ma mère n'a pas été douchée depuis un mois », soupire Claudie. Avec une. Autre famille, elle a lancé une pétition pour dénoncer le manque de personnels. « Trois aides-soignantes pour 28 toilettes par matinée, là où il faudrait souvent être en binôme .. » C'est sportif. Les employés se sont même équipés de podomètres pour compter leurs kilomètres dans ce spacieux équipement de 11 300 m2. Bilan des courses: 10 km le matin et 7 km l'après-midi.
Le bâtiment fait 11 300 m²
« On avait prévenu bien avant ", regrettent les représentants du personnel CFDT. Pour eux, les 4,3 postes obtenus pour les lits supplémentaires ne suffisent pas. La direction n'est pas plus étonnée de voir les familles réagir et reconnaît « le paradoxe de la chambre seule, qui augmente le confort mais aggrave le sentiment d'isolement », explique le directeur, Xavier Montserrat. Il plaide, lui aussi, pour davantage de moyens « et des ajustements horaires ».
Dans la foulée de cette grogne, une réunion avec Marie-Christine Cléret, vice-présidente du conseil général chargée de la solidarité, s'est tenue' hier. « Il n'y a rien de gagné ni d'acquis mais c'est positif, explique le syndicat. Le conseil général s'engage à contacter l'ARS (Agence régionale de santé) pour demander des renforts. » Les postes d'aides-soignants sont en effet financés à 30 % par le département et 70 % par l'ARS. « Le but est aussi de ne pas augmenter la participation pour les familles. »
De son côté, l'ARS se dit ouverte à la discussion. Elle ne peut toutefois trancher immédiatement « car on attend ' l'enveloppe de la caisse nationale de Solidarité (au premier trimestre) pour savoir quelle somme est attribuée à la Bretagne, explique Hervé Goby, directeur dé l'offre de soins à l’ARS. Ensuite, nous étudierons les demandes pour répartir rapidement. »
Sylvie RIBOT
Source : ouest-france (samedi 22 & dimanche 23 janvier 2011