Retraites : la mobilisation se poursuit malgré l'accord au Parlement
La réforme des retraites a franchi une étape décisive lundi 25 octobre sur le plan législatif, mais le mouvement de protestation continue : sa manifestation la plus visible en est la pénurie toujours de mise dans les stations-service.
Les sept députés et sept sénateurs réunis lundi en commission mixte paritaire ont abouti à une version du texte qui permet de mettre d'accord l'Assemblée nationale et le Sénat. Le texte de loi, qui prévoit de reculer de 60 à 62 ans l'âge minimal de départ à la retraite, doit être adopté définitivement mercredi par le Parlement, marquant ainsi la fin du débat législatif.
Le gouvernement a insisté lundi sur l'impact économique du mouvements social. La ministre de l'économie, Christine Lagarde, a évalué le coût des grèves à "entre 200 et 400 millions d'euros par jour". La ministre a lancé à nouveau "un appel à la responsabilité", souhaitant une reprise de l'activité "le plus vite possible dans des conditions normales".
La semaine devrait cependant être marquée par de nouvelles manifestations. Les syndicats vont lancer toutes leurs forces dans le dernier bras de fer avant la promulgation de la loi en organisant plusieurs journées d'actions : les étudiants seront mardi dans la rue, avant une journée nationale d'actions jeudi puis une autre le 6 novembre.
- Eboueurs
Une vingtaine de départements étaient touchés lundi par des perturbations dans le ramassage des ordures tandis qu'à Marseille, FO, syndicat majoritaire chez les agents de nettoiement de la Communauté urbaine, a voté lundi la suspension du mouvement de grève débuté le 11 octobre, pour "éviter une dégradation de l'hygiène et des risques d'incendies". Le travail devrait reprendre mardi matin.
En Ile-de-France, l'accès au centre de traitement de déchets d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), le plus important de France, était toujours bloqué lundi. Le maire de Paris a cependant estimé que la situation était "relativement sous contrôle" dans la capitale. La collecte est également perturbée à Brest, Belfort, Nantes, Saint-Brieuc, Saint-Nazaire, Charleville-Mézières, Auch, Saint-Etienne, Toulouse, Agen, mais aussi dans le Gard, l'Hérault et l'Ariège.
- Education
Le syndicat étudiant UNEF prévoit "plusieurs dizaines d'actions" mardi, avec des rassemblements à Paris, Marseille, Bordeaux, Lyon, Toulouse, notamment. "A Paris, les étudiants se rassembleront devant le Sénat à 14 h 30 lors d'une action 'monte le son du sonotone !' afin de se faire entendre des sénateurs lors du vote définitif de la loi portant réforme des retraites", annonce l'UNEF.
Une assemblée générale a voté un nouveau blocage pendant une semaine, jusqu'à mardi prochain, de l'université de Basse-Normandie, à Caen, déjà touchée par une action similaire la semaine dernière. Environ 400 lycéens de l'île de la Réunion ont manifesté à Saint-Paul et au Tampon lundi, jour de leur reprise des cours après deux semaines de vacances scolaires.
- Energie
Le secteur stratégique de l'énergie reste assez fortement mobilisé. Si la fin de la grève a été votée dans trois raffineries, le mouvement a été reconduit dans les neuf autres sites du pays, notamment chez les six de Total.
Malgré le déblocage de l'ensemble des dépôts pétroliers, les difficultés d'approvisionnement persistaient lundi dans les stations-service, principalement dans l'Ouest et la région parisienne. Lundi, environ une station-service sur trois connaissaient encore des problèmes de pénurie, selon l'Union des importateurs indépendants pétroliers. Les pouvoirs publics espèrent que 80 % des quelque 12 300 stations-service de France fonctionneront normalement mardi, selon Jean-Louis Borloo, le ministre de l'énergie.
- Transports
Le mouvement s'essoufle en revanche dans les transports : à la SNCF les taux de grévistes lundi, entre 6,5 % et 15,7 %, étaient les plus bas depuis le début du mouvement de grève reconductible entamé le 12 octobre. Le trafic TGV supérieur à 8 trains sur 10 était "proche de la normale" et celui des Eurostar et Thalys normal. Deux TER sur trois et sept Transilien sur dix circulaient, selon la SNCF.
Le blocage d'un dépôt toulousain par une trentaine de syndicalistes qui empêchaient la sortie des autobus a été levé lundi sans intervention de la police. A Roanne des militants CGT et FO ont bloqué la circulation des autobus dans l'agglomération, où des manifestations sont organisées tous les deux jours. Le blocus du dépôt a été levé dans la matinée. A Bourges, une trentaine de manifestants ont bloqué le dépôt des bus de l'agglomération toute la journée.
source: lemonde.fr (lundi 25 octobre 2010)