Grands pontes et petites mains, toujours ensemble

Publié le par SPHAB/CGT (56-Guémené-sur-Scorff)

Grands pontes et petites mains, 

toujours ensemble

Loi Bachelot . Alors que le gouvernement tente de passer en force, le mouvement des professionnels de santé persiste et signe dans son refus de la marchandisation de l'hôpital.

 

« Nous n'irons pas plus loin », a averti Nicolas Sarkozy, mardi, au CHU de Nancy. Dans le Figaro, hier matin, François Fillon l'a répété : « Sur l'hôpital, le gouvernement a trouvé le meilleur équilibre possible, il ne bougera plus de cette ligne. » Quelques mesurettes sémantiques sur la « gouvernance » et des rodomontades en stéréo, mais rien n'y fait : la mobilisation repart de plus belle à l'hôpital. Alors que les débats sur la loi Bachelot se déroulent dans un climat orageux au Sénat, plusieurs dizaines de milliers de chefs de service, médecins, infirmiers, aides-soignants et professionnels de santé ont une nouvelle fois battu le pavé, hier, contre une « réforme » qui, au-delà des inquiétudes sur la mainmise des directeurs transformés en véritables « patrons », vise selon eux à « transformer l'hôpital public en entreprise rentable ». À Paris, entre 3 200 (selon la police) et 14 000 manifestants (selon les syndicats) ont défilé entre la gare Montparnasse et Matignon. « Malades, soignez votre taux de rentabilité », invite une pancarte rédigée à l'acide. Autour du camion de SUD santé, on vitupère un virus de « grippe bacheline » qui contamine les services publics de santé : « Mettez vos masques et lavez-vous les oreilles quand vous entendez la ministre parler », improvise un des animateurs au micro. À l'occasion d'une petite halte devant le ministère de la Santé, un choeur inédit d'infirmières « de base » et de grands pontes professeurs de médecine hurlent, ensemble : « Bachelot, démission ! » Devant la foule, une chef de service d'un grand hôpital parisien propose, non sans succès, de passer à des « actions plus radicales » et de « faire enfin l'hôpital gratuit pour tous » dans les prochains jours.


« Déni de démocratie »


En tête du cortège, André Grimaldi, chef du service de diabétologie de la Pitié-Salpêtrière, dénonce la logique et la méthode du gouvernement. « Une fois de plus, Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé, refuse de recevoir une délégation et elle se répand sur les ondes pour expliquer qu'il n'y a aucun problème, qu'elle augmente l'emploi à l'hôpital... Ce sont des contre-vérités insupportables. Le chef de l'État a accepté de bouger un peu sur la gouvernance, mais ce n'est vraiment pas l'essentiel. Le seul but de ce projet, qui n'a vraiment rien d'une réforme de l'hôpital, c'est d'expliquer qu'il y a des déficits, et de programmer des économies comptables en supprimant des emplois. En fait, il s'agit d'une toute petite loi, bien loin des véritables enjeux pour l'avenir de l'hôpital. Nous ne sommes pas contre une réforme ! Au contraire, nous la demandons, mais pour y parvenir, il faut mettre les orientations en débat. Aujourd'hui, le premier ministre doit lever la procédure d'urgence sur la loi Bachelot. Faute de quoi nous serions face à un déni de démocratie. » De son côté, Nadine Prigent, secrétaire générale de la CGT santé, invite à « ne rien lâcher » : « La ministre de la Santé a été sifflée au Sénat, constate-t-elle. Elle est aujourd'hui en grande difficulté. Mais attention, nous devons veiller à ce qu'elle ne serve pas de fusible, pour sauver un projet que nous contestons globalement. On a réduit la réforme Bachelot à la gouvernance des hôpitaux mais c'est beaucoup plus large que ça : les économies conduisent à des suppressions d'emplois et des transferts d'activités du public vers le privé, et ça, on n'en veut pas. Il faut rester mobilisés : avec les autres syndicats, nous nous retrouverons la semaine prochaine pour décider des suites. »


Thomas Lemahieu

 

Article publié le vendredi 15 mai 2009 dans l'Humanité

 

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