Même votée, la contre-réforme ne passe toujours pas

Publié le par sphab/cgt & associés

Même votée,
la contre-réforme ne passe toujours pas

 

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Manifestation à Nantes le 28/10/2010 (photo correspondant de l'humanité-Patrice Morel)

 

Au lendemain du vote de la loi sur les retraites, près de deux millions de salariés ont défilé  le jeudi 28 octobre. Aux antipodes d’un baroud d’honneur, des manifestants certes moins nombreux que lors des précédentes mobilisations, mais chez qui la détermination à refuser une réforme injuste était intacte.


De mobilisations en mobilisations, depuis début septembre, il ne cessait de « s’essouffler ». Mercredi, le diagnostic des bons docteurs du Figaro était sans appel : « Le conflit touche à sa fin. » Au demeurant, pouvait-il en être autrement puisque, après l’adoption « définitive » de la loi par le Parlement, le mouvement social n’avait « plus de sens », dixit le premier ministre ?... Autant de prophéties auxquelles les salariés, derrière un front syndical toujours aussi uni, ont apporté hier un nouveau démenti. Cette septième journée d’action contre la réforme des retraites n’a certes pas battu des records – personne n’en avait d’ailleurs affiché la prétention –, mais rien, ni l’affluence dans les cortèges, ni l’état d’esprit exprimé par les manifestants, ni les positions affichées par les dirigeants syndicaux, n’est venu accréditer la thèse d’une extinction de la lutte. 150 000 personnes à Marseille, 45 000 au Havre, 120 000 à Toulouse, 32 000 à Lyon... En recul sur les derniers rendez-vous, du fait, notamment, de la période des congés scolaires qui a entraîné l’absence d’enseignants et des lycéens, la participation aux 269 défilés était, hier encore, massive. Et même à la hausse dans quelques localités comme Belfort, où la mobilisation a reçu le renfort des métallos du fleuron de l’industrie locale, la grande usine Alstom.

 

269 cortèges, 2 millions de manifestants


Car, après deux mois de bagarre, si le mouvement reflue, change de forme dans certaines branches et entreprises, comme à la SNCF, afin de prendre en compte ses conséquences sur les salaires, il continue de gagner des forces, singulièrement dans le secteur privé. Signe d’un « ancrage » de ce dernier, note-t-on à la CGT, dans de nombreuses entreprises, la participation à cette journée d’action interprofessionnelle s’est accompagnée du dépôt de cahiers de revendications portant sur les salaires, l’emploi ou les conditions de travail.


Avec « près de 2 millions de manifestants » recensés dans 269 cortèges, « on est à un très fort niveau de mobilisation », se félicitait hier soir Éric Aubin, le « Monsieur retraites » de la CGT. Démonstration de force d’autant plus remarquable qu’elle intervenait au lendemain du vote « solennel » de la loi par les députés, censé clore le dossier, selon François Fillon. Et l’on cherchait en vain, le plus souvent, dans les manifs, les échos d’une quelconque résignation ou les signes d’une division du front syndical. Il y a au contraire « une envie de continuer », fait valoir Éric Aubin. Les dirigeants des huit centrales syndicales étaient au diapason, hier, pour dire leur refus de jeter l’éponge. « Le gouvernement a gagné la bataille de la légalité », mais « ne gagnera pas celle de la légitimité », assure Alain Olive, secrétaire général de l’Unsa. Résolu à « garder l’unité d’action syndicale », il insiste : « Le mouvement incarne une quête de justice et toutes les questions qui ont été soulevées demeurent. » « Ce n’est pas parce qu’une loi est votée, qu’elle devient juste, confirme François Chérèque (CFDT). Les salariés sont encore très majoritairement contre cette loi, notre devoir c’est de continuer à le dire. »


« On va agir à tous les niveaux, car ce n’est pas la loi qui va mettre un terme aux revendications », renchérit Bernard Thibault, pour la CGT. Même tonalité à la FSU, dont la secrétaire générale, Bernadette Groison, juge que les syndicats ont « toute légitimité (...) à continuer la bagarre sur les retraites », afin de « corriger la loi », ainsi qu’à la CGC, son leader, Bernard Van Crayenest, affirmant que « la page n’est pas tournée », avant de confier que, « sur le fond du dossier », il est « toujours aussi combatif ». Pour tous, cap est mis sur la mobilisation du 6 novembre, dans le but d’obtenir du chef de l’État qu’il ne procède pas à la promulgation de la loi. Signe supplémentaire, si besoin était, d’une détermination intacte, l’ensemble des responsables syndicaux ont fait un sort à la dernière manœuvre du gouvernement en rejetant l’idée de troquer l’abandon du combat sur les retraites contre des négociations sur l’emploi des jeunes et des seniors. Une « instrumentalisation inacceptable », dénoncée par le leader cédétiste, qui avait réclamé de telles négociations, mais pour qui « le problème des retraites n’est pas soldé ».


Yves Housson

 

 


source: humanité.fr (vendredi 29 octobre 2010)


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