FO et CFDT, grands gagnants du mercato syndical à la tête des caisses de Sécurité sociale
FO va prendre la présidence de la CNAV en octobre, la CFDT vise celle de l'Agirc. La CGC, qui présidait ces deux caisses de Sécurité sociale, est la grande perdante du jeu de chaises musicales. L'UPA va céder au Medef la présidence de l'Acoss et récupérer la vice-présidence de la CNAV.
D'ultimes coups de téléphone entre leaders viennent de sceller l'affaire. Après plusieurs semaines de tractations, les dirigeants patronaux et syndicaux ont fini de se répartir les présidences des caisses nationales de Sécurité sociale dont ils assurent la gestion paritaire et qui doivent renouveler leur conseil cet automne ou cet hiver. On retrouve au coeur des manoeuvres de ce mercato syndical FO et la CFDT. En dépit de leurs divergences, les centrales se sont résolues, comme lors des récentes négociations interprofessionnelles, à accorder leurs violons pour s'imposer, avec l'aval du patronat, comme les principales bénéficiaires du futur jeu de chaises musicales.
Selon nos informations, FO va prendre à la mi-octobre la présidence de la CNAV (assurancevieillesse). Elle y placera Gérard Rivière. Plus de quinze ans après avoir été contrainte de céder à la CFDT la tête de l'Unedic puis celle de l'assurance-maladie, la centrale de Jean-Claude Mailly fera son retour à la tête d'une grande caisse. En prenant l'assurance-vieillesse, elle s'assoiera à une place stratégique à l'approche du débat de 2013 sur une éventuelle réforme systémique des retraites, à laquelle elle s'oppose. Sa position sera renforcée par l'accession, déjà programmée pour fin octobre, de Philippe Pihet à la présidence de l'Arcco (régime complémentaire des salariés du privé), que FO occupe en alternance avec le Medef.
Rapprochement
Sauf improbable surprise, la CFDT s'emparera en échange, en janvier, de la présidence de l'Agirc, la caisse de retraite complémentaire des cadres. Elle y placera un représentant de sa fédération cadres. Ce devrait être Jean-Claude Barboul ou Jean-Paul Bouchet, ce dernier tenant aujourd'hui la corde. La centrale de François Chérèque se positionnerait ainsi pour pousser, elle, au rapprochement de l'Agirc et de l'Arrco (lire ci-dessous). Elle marquerait avec cette prise un gros point dans sa lutte permanente avec la CGC pour la suprématie chez les cadres.
La centrale des cadres, qui préside aujourd'hui l'Agirc et la CNAV, est de fait la grande perdante annoncée. Les syndicats lui font payer le positionnement jugé trop ambigu -et proche du gouvernement -de Danièle Karniewicz (l'actuelle présidente de la CNAV, qui ne pouvait pas se représenter après deux mandats) lors du conflit sur les retraites, ainsi que la farouche opposition de la centrale à l'accord Agirc-Arrco de mars. « La CGC n'est pas punie, elle s'est juste suicidée », note un de ses concurrents.
Le mercato sera plus calme pour la CFTC et la CGT. La première conservera la présidence de la CNAF (allocations familiales), que personne ne lui disputait. Jean-Louis Deroussen héritera très probablement d'un second mandat. La CGT, elle, a obtenu ce qu'elle réclamait... c'est-à-dire rien, hormis de conserver la vice-présidence de l'Acoss (la branche recouvrement de la Sécurité sociale qui chapeaute les Urssaf), qui devrait rester entre les mains de Pierre-Yves Chanu.
ue aussi ses cartes sans heurts. Le Medef et l'UPA se sont entendus : le premier prendra la présidence de l'Acoss, occupée par Pierre Burban (UPA, artisans) depuis dix ans (lire ci-dessous). C'est Jean-Eudes Tesson qui devrait prendre ce poste. Le Medef laissera en échange l'UPA conserver la vice-présidence de la CNAV, qui reviendra à Pierre Burban. La CGPME n'a pas été oubliée et devrait obtenir la vice-présidence de la CNAF.
source: lesechos.fr (vendredi 29/07/2011)